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Publié par FMarmotte5

Au quaternaire d'immenses glaciers venus des Alpes qui se soulevaient encore transportaient sans peine des blocs erratiques des différents massifs alentours.

C'est sans doute à ce moment là qu'elle est arrivée dans une gangue d'argile brune avant que les hommes ne sachent façonner les pots et les assiettes.

Les galets ici sont ternis par les oxydes de fer, la texture de sa peau était bronzée au départ avant que les pigments de l'acrylique ne la peinturlurent et la griment en icône pop.

Plus tard aux marges du front de glace, pelouses et gazons d'altitude ont poussé attirant les hordes d'ongulés. Disparus aujourd'hui les aurochs, les mammouths et rhinocéros laineux.

Les élans, orignaux et rennes sont montés voir les aurores boréales de l'ancienne Thulé.

Il ne nous reste que les brumes grises, les givres précoces, les gelées dites blanches grillent les quelques légumes d'été qui traînent encore dans le potager trop humide.

Un ancien vinyl grésille sur la platine en 33 tours. C'est Nico peut-être qui ronronne sans chanter à moins que la voix en velours souterrain de Lou Reed n'égrène sa composition inspirée de l'arrière grand-oncle de Marianne Faithfull, Leopold von Sacher-Masoch que je préfère à Sade dans ses illuminations du fond d'une geôle du Château de Miolans.

Elle aura besoin de sa fourrure quoi qu'en disent les défenseurs des animaux que je soutiens bien entendu, la norme n'est plus au poil de bête, ni au coton trop avide d'eau et assèche la mer d'Aral.

Vénus en maillot.

Ma Venus à moi est sans fourrure dans les frimas du plateau, fouettée par les vents, nue comme au matin du monde, première nuit de pleine lune.

Venue dans la brume, une Vénus nue, de mayo niaise diront les mauvaises langues sans goût qui n'aiment que les os. La gastronomie n'a pas commencé avec le cuit, grillé ou bouilli. Le cru a eu son heure et ses amateurs comme la haute couture avant le nylon, le latex, le gortex, le simili, le skaï vêtue de vent, de feuilles ou de fibres végétales, d'un lien, presque rien, une corde, encore aurait-il fallu savoir faire les nœuds. Avoir les doigts agiles d'un homo habilis.

« Venus in furs » , laisse tomber ta mortelle dépouille et montre nous tes appâts, les fauves sont loin tu ne risques rien, à l'abri des regards d'un chasseur du néolithique.

Ton bikini serait plus adapté sur une plage de sable fin, sous des palmiers, mais la montée des eaux engloutit, ensable inlassablement les côtes à touristes. Sables mouvants de la baie du Mont Saint-Michel, rocher de Tombelaine où gît ton alter-ego Gargamelle. Îles Kiribati, Vanille, Soleal, Tuvalu et Maldives, du nord au sud, d'est en ouest ce sont les mêmes craintes, les mêmes danses de la pluie, cyclones tropicaux et rondes de catastrophes en vues satellitaires : l’œil du Cyclope.

Les galets ici se ramassent comme les feuilles mortes à la pelle, je creuse pour planter un arbre et je découvre dans un nid froid : une Vierge à l'enfant, une Aphrodite, une nymphe pulpeuse, Hel revenues des Enfers, Béatrice ou Yseult, Juliette et ses rondeurs, Éloïse sortie tout droit du tube de 1968, des formes à la Nicky de Saint-Phalle sans le bassin de Beaubourg, une poupée russe déboîtée aux couleurs de Gay-pride, les Fées mènent leur fait-main au salon du prêt à porter , rebondies, dodues et redondantes encore et encore pour une fin de cycle Amen ! Une « Vénus d'Ille » qui aurait gardé l'anneau passé à son doigt de bronze, chaude comme la Catalane de la nouvelle de Mérimée.

Magdalénienne du Mas d'Azil montres moi ton meilleur profil, tes arcades sourcilières proéminentes, arcanes d'antiques énigmes.

Tu n'aurais pas besoin de crème bronzante, l'huile d'olive suffisait aux nordiques les seins nus sur les plages des 30 glorieuses ; allongé à plat ventre sur ma serviette je tournais la tête vers le transistor en quête d'un triangle de peau blanche, tu ne seras pas ma Mrs. Robinson, Crusoé en serait jaloux, il mange son sushi, du poisson cru tous les jours, même le vendredi.

Fenrir sans rire est revenu dans nos bois, je ne vais plus à la plage les eaux sont trop bleues. Tu es là tout de même, malgré les bruits qui courent, les histoires de Chaperons, les veillées au coin du feu en Gévaudan, les tirs sélectifs à la lunette infra-rouge des snipers d'état.

Il a fallu que tu t'exposes, en argentique l'effet aurait été plus noble du moins tes formes plus douces, roses à la bise glaciale. Seules tes paupières méritent que je me noie loin du phare sans la lumière de ton fard. Ton string de lin vert n'a pas besoin d'un coup de fer, le repassage est superflu lorsque plein comme un panier de fruits mûrs les pastèques rebondis de tes fesses méritent une apparition éclaire dans un film de Roman Polanski, une scène de Fellini, burlesque sans nez rouge.

Vanda tu peux laisser tes sirènes en mer Égée, Ulysse n'a jamais accosté sur ces côtes, la mer est loin, trop loin. Alors je ne te poserais pas de questions futiles : « D'où es-tu ? » « Habitez-vous chez vos parents ? » « Jusqu'à quand êtes-vous en vacances ? » « Comment tu t'appelles ? »

Je veux bien croire à ta soif après tout ce temps, le puits est là tout près, il suffit de lancer le sceau de fer-blanc pour avoir en bout de corde l'onde fraîche et pure, ponctionnée aux veines de la terre.

Fondus et enchaînés les anciens dragons, Mélusine change de cours avant de disparaître dans ses grottes austères chargées du mystère d'un trésor englouti. J'en ai croisé des comme toi au-dessus de 2000 mètres, des Vénus de montagne sans sabots, bergères d'océans sans moutons, aux toisons brunes faute d'un platine trop coûteux, bigoudis de plastique, d'une patine trop lente à venir, en boucle comme une rengaine, un disque rayé. Des clinquants et des brillants, du faux, des silicones faute de graisses, des lèvres adipeuses faute de botox, je t'aime comme tu es. Je ne pense pas que tu sois aussi superficielle, les appâts rances de ton corps si vieux sont plus appétissants qu'un jeu de mot douteux, tu sais que je te préfère de fesse que de face.

Sous tes airs coquets tu es venue ronde et lisse par delà les ères, terre à terre, mon calendrier n'est plus de ton age, caduques les feuilles des mois qui coulent. Si c'est un grain que je cherche sous ma main, ce sera celui de ta peau, le grain du marbre, le grain du calcaire, d'un granit qui peut se tailler et devenir meule dormante tant qu'à faire. Pour un long somme presque éternel puisque tu ne comptes par les heures. J'ânonnerais l'alphabet sur un chapelet cosmique de perles d'os humains pour bien me souvenir que je suis mortel tel Socrate en plus sot, et que, Sphinx un jour au moins, je ferais mieux de me taire avant de répondre à ton Kôan énigmatique. « Sous le fou l'art, ni fard ni lard.». En caractère gras pour la police s'il vous plaît.

PF le 16 octobre 2013.

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Q
Je pourrais bisser certains commentaires, mais je vais me contenter de relire ton texte. J'adore !
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N
Salut, je suis le compagnon de Marie Poupée et elle m'a demandé de lire ton texte ce que j'ai fait illico presto, les femmes c'est comme un gratin faut pas que ça gratine trop ( je plaisante..à demi )<br /> J'ai bien aimé toutes les références et le délire à la limite du Zappa et du Thiéphaine réunis un soir de fête autour d'une table remplie de cadavres de Jack Daniel et de cendriers pleins des restes pas encore consumés de Rimbaud et Lewis carroll encore fumant de l'opium sous acide servi par Pascal . Il ne suffit pas de dire n'importe quoi, encore faut-il savoir doser . Tu devrais écrire pour des musiciens en mal de textes, ça relèverait le niveau de la chanson Française . Je suis client de ton genre d'humour ...à plus .
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F
Merci pour ce commentaire exaltant. J'écris surtout pour m'amuser et là surpris je me retrouve avec ce truc avant la mort de Lou Reed et la sortie du film de Polanski? J'ai des rhumatismes et je passe beaucoup de temps au jardin, les antalgiques doivent faire office de fixette, Plus proche de Brautigan, je dois dire que la chanson française m'endort un peu car je ne rencontre pas Modiano dans les resto branchés alors je réécoute Hungry Freaks sur deezer (j'ai vendu mes 33LP un jour de dèche) ! La pluie et le mauvais temps aidant, mes élucubrations vont relayer les sorties randos. Bon Diamanche.
M
Je ne sais pas si c'est de l'écriture automatique mais je suis époustouflée par ce texte si bien écrit et référencé et bien entendu par ton oeuvre qui ne laisse pas indifférent.. je la prèfère largement au nain de jardin ! hi!hi!
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L
Un exercice qui me fait penser à l'écriture automatique. Je verrai bien ce texte sans ponctuation !!<br /> Truffée de références ... bien vu !<br /> &quot; ... aux couleurs de gay pride, les Fées mènent leurs &quot;femen&quot; au salon du prêt-à porter ...&quot;<br /> <br /> Ce n'est pas du Niki de Saint Phalle, mais c'est tout comme ! <br /> Compliments !
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J
Oh mais c'est tout moi ça !... (sourire)<br /> Bel ouvrage M'sieur Pierre une sacrée Vénus que voilà :-)))
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M
Eh bie dis donc je suis bluffée ! Et c'est très drôle Pierre ! Et en plus tu as fait une oeuvre d'art pour toi tout seul dans ton jardin , tu as eu raison de la partager !<br /> Non je n'ai pas vu d'expositions Bonnard, et c'est bien dommage car j'adore ses peintures et j'aimerais les voir en vrai ! <br /> En revanche je ne suis pas contente car j'ai des formats de reproductions prises sur le net qui sont très différents et je n'ai pas su vraiment soit en agrandir soit en diminuer ...<br /> Bises Pierre
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F
On m'a dit que ça valait bien un nain de jardin ;-)