Urban Journey to Lyon.
« A journey » c'est un voyage.
Dans un dédale qui aurait pu tourner en "bad-trip" à la Kafka en quête d'un papier, un seul, bureaux et employés de l’administration sont autistes.
A donner en mains propres.
Seules les chèvres au lieu-dit « La ferme » semble libres de paroles.
Sur des ruines dignes du décor de « L'Année dernière à Marienbad »
« La ferme ! » Lacan passe entre Dolto et la Chapelle.
Chats à la pelle en errances solitaires.
Bâillon chimique.
« Fermes là ! »
Sur les pas de Maupassant Guy venu voir son frère Hervé.
Des maux et des mots le 13 novembre 1889.
«Quand j'ai dû partir, et quand on lui a refusé de m'accompagner à la gare, il s'est mis à gémir d'une façon si affreuse que je n'ai pu me retenir de pleurer... »
Bouffée d'air pur dans un tunnel.
1700 mètres de long sous la Croix-Rousse, au pied des escaliers qui montent à l’assaut de la colline des Canuts.
1839 : Marceline Desbordes-Valmore y repasse et nous confie :
« J'ai trop souffert de Lyon et à Lyon pour ne pas y demeurer attachée par le cœur. »
En 1834 elle avait assisté à la révolte des canuts.
Pour aller du Rhône à la Saône elle devait sans doute emprunter les longs escaliers qui grimpent sans avoir entendu la « Mère Cotivet » crier à sa voisine :
« En descendant, montez donc, voir le p'tit comme il est grand ! ».
Dans son « Tour de France , journal 1843-1844 le jeudi 2 mai 1844, Flora Tristan après le sang de la répression écrit :
« La première impression m’a été pénible, très désagréable et a jeté dans mon âme un sentiment de tristesse et de rage indéfinissable. »
Les « Maison-casernes » des ouvriers de la soie sont toujours là, des duplex de « Bobos » sont devenus tendance comme de faire ses courses au marché du Boulevard.
Dimanche 25 mai 2014 triste résultat, triste choix des français, entendu devant un « Bouchon » des espoirs avec un changement, quel changement?
Comment un gone peut-il entendre ça ?
« Guignol ! T'es où ? »
« Viens à mon secours »
« J'ai besoin d'un super-héros. »
Journal gratuit "La Ficelle", expo sur Mai 68 et les espérances de la retraite à 60 ans.
Rue St Jean une librairie « maoïste » avait ouvert et vendait des affiches rouges et des petits livres de la même couleur.
Voyage dans le temps, je ne suis pas repassé Rue Jarente sur mon lieu de naissance, pas le temps.
Visite « éclair » dans le 6e à d'anciens profs, sympas les mauvais souvenirs s'effacent devant la gentillesse, bouffée d'Humanisme et de cordialité. Pas le temps de la nostalgie.
Vers Gerland nous allons rendre visite à une vieille cousine de 92 ans ouvrière chez « Lejaby » . Un bonheur les souvenirs de la Classe Ouvrière, ses luttes, ses amitiés. Sa mémoire est bonne, ce soir elle verra avec plaisir le défilé de « La Maison Lejaby » au Lido.
Elle se souvient du nom de ses camarades.
« Petites mains » pour aujourd'hui couvrir de satin les corps sous les niqabs saoudiens, chairs des nouvelles riches chinoises sous le portrait du « Grand Timonier ».
Les hautes fenêtres dominent les traboules, je ne verrais plus les rouleaux de soie portés à dos. La sueur de hommes, les yeux usés du tisserand avant de couvrir les seins et les fesses des belles de dentelles, des douceurs de la soie, du velours fin sur les « Origines du monde ».
« Alors on danse ! »
« Danse danse !» à moi, ma mère adoptive ne me le disait pas.
C'était : « Travailles, travailles ! »
Je n'irais pas jusqu'à la Confluence voir l'aquarium sur les ruines du « Marché-Gare », où je pourrais répéter les mots de Marceline : « Lyon, ville de pleurs pour moi ! » Levé à une heure du matin pour décharger les camions pendant que le chauffeur entre 2000 kilomètres allait se faire faire une « gâterie » par une prostituée sur les quais et faire mentir l'aphorisme de Magritte en déchargeant une autre denrée que des fromages.
Café-calva au « Midi-minuit »
D'autres souvenirs dans la voiture, nous ne nous serions jamais croisés ici avec Geneviève, des sorties pendant des vacances chez sa tante au Parc de la Tête d'Or. Rue Corneille, Racine, Molière, Cours Lafayette, conduite facile dans ce quartier, rues à angles droits. Brasserie Georges.
Repas de baptême 4 personnes : Papa, Maman, parrain et marraine, qu'ont ils mangé? Octobre 1952 j'étais resté à la maternité , étais-je allaité par ma mère biologique ?
La tante Anna de Geneviève l'emmenai manger la célèbre choucroute à la Brasserie Georges. Serveurs en queue de pie et nœud-pap, tablier blanc immaculé sur ventre proéminent.
Tournons la page, il faut remonter encore à la Croix-Rousse (toujours ce fameux papier) un encombrement Rue Calas, Frédérique Dard y a habité, San-Antonio aurait fait rugir son 2 tons et allumé le gyrophare bleu , ou, sorti son Opinel pour saucissonner sur la capot d'une Daimler-Chrysler de 49, Béru aurait débouché un Beaujolais.
Nous ne serons pas à temps avant la fermeture des bureaux, Saramago et Kafka nous rattrapent que font-ils ici ?
Borgès ses labyrinthes et ses dédales aurait bien pu nous rejoindre tout de même, ne serait-ce que pour danser un tango, robe rouge au corps chignon noir, yeux de braise sous des paupières de cendre.
Tunnel de la Croix Rousse, 1700 mètres vélos piétons du Rhône à la Saône. Lyon
Dans l'angle de la Place Bellecour le « Petit Prince » voudrait me montrer un autre chemin pour aller plus vite et revoir les nombreux couchers de soleil de la planète de l'allumeur de réverbère.
Le voyage est terminé nous rentrons le dos au couchant.
La barrière des Alpes se dresse au fond de la plaine de la Bièvre.
Bientôt chez nous.
L'auto radio ronronne vers la Côte Saint-André, lieu de naissance de Berlioz et le hasard veut que sur France Musique ce soit son « Requiem » qui apporte une paix loin de la ville.
PF le 28 mai 2014