Le sentier des tannes et glacières. Margériaz.
Cette boucle de 4 heures sur les pentes du Margériaz est un véritable voyage dans le passé géologique des reliefs karstiques des Bauges.
Il est possible en moins d'une heure de prolonger le parcours jusqu'au sommet du Margériaz 1845 mètres. Un fléchage « raquettes » pour l'hiver est en place, mais la neige ne permet pas de découvrir les particularités du terrain, de plus par temps de brouillard sur les crêtes, il est dangereux de s'aventurer au bord des falaises, le vent y forme de fragiles corniches.
Carte IGN 25 000 Massif des Bauges 3432 OT
Départ : Place à Baban 1330 m.
Dénivelé 420 mètres pour le circuit proposé dans la plaquette vendue à l'Office du Tourisme de Aillon-le-Jeune. Bien utile pour comprendre les différentes formations géologiques, elle donne aussi le topo de la Tanne du Névé.
Un glossaire, des cartes et schémas
Compter 100 mètres de dénivelé en plus pour le sommet.
Les tannes sont les grottes et gouffres en Savoie et les glacières sont les lieux où était prélevée la glace avant l'invention du frigo et de la glace artificielle, soit des gouffres où la neige s'accumule, soit des étangs de faible profondeur où l'eau des torrents était dérivée en hiver afin d'y récolter la glace comme dans le vallon des Déserts et les étangs de Plainpalais.
Je vais décrire sobrement les 9 haltes principales de cette boucle, dont le parcours est fléché « Sentier des tannes et glacières ».
1.La tanne N° 170
Creusée il y a plusieurs centaines de milliers d'années par les eaux souterraines, la galerie est visible depuis l'effondrement du plafond.
2.La ruelle du karst.
Couloir naturel dans une galerie souterraine, avec les mousses l'ambiance est digne d'un conte de fée.
Karst est une région de Slovénie où ce milieu a été décrit. Ne pas confondre avec quartz, cristallin.
3.La Doline en chaudron.
La fonte de la neige et la gélifraction creusent sa base.
4.Le Grand Rafou.
Une grande structure chaotique complexe où l'on voit des lapiaz forestiers arrondis, une doline, une petite arche, des cuvettes et des fossiles de nudistes.. lapsus, de rudistes.
La formation sédimentaire du calcaire urgonien date de 115 millions d'années.
L'épaisseur de cette couche ici est proche de 200 mètres.
5.Lapiaz à crêtes aiguës.
Orientées dans le sens de la pente Sus-Est/Nord-Ouest, ce sont les eaux de pluie et la fonte des neiges qui ont élargi les fissures naturelles.
Bien qu'ayant fait le sentier dans les deux sens, je n'ai pas vu le magnifique « Pont de Pierre », mon attention a été attirée par de nombreuses traces de sang sur le sentier.
Je pense qu'il s'agissait de celles d'un animal blessé lors de la chasse ? A cette heure il doit avoir perdu tout son sang. Je me souviens de ce polar dont le cadre se situe justement ici dans le Margériaz , « Les Alpes Noires » de Philippe Paternolli, une femme est trouvée morte au fond d'une tanne.
Aujourd'hui , grand beau pas de brouillard, les mauvaises pensées sont vite chassées par la beauté du panorama en arrivant sur la crête.
6.Crêt du Margériaz
D'ici on voit la falaise comme en coupe transversale, le banc calcaire supérieur, puis les vires marneuses, le bloc urgonien ancien récif océanique, plus bas les éboulis au dessus de la forêt qui a colonisé les pentes moins abruptes et sujettes à l'érosion.
Je suis monté jusqu'au sommet par une piste qui longe le sommet du domaine skiable. On voit l'énorme travail de terrassement afin de rendre ces chaos skiables.
De larges dolines se succèdent.
En hiver, il est recommandé de rester sur le domaine balisé, vous comprendrez que devant un tel relief de trous, lapiaz et gouffres, il est dangereux de s'aventurer hors-piste, bien que de nombreuses cavités soient couvertes parfois de grillage ou simplement de troncs d'arbres en travers.
7.Chalets du Margériaz 1570m.
C'est la seule source du domaine, voilà pourquoi la bergerie est située ici.
En été les chèvres pâturent sur le domaine, du bon fromage est en vente.
8.Tanne aux Cochons.
Sur la gauche en descendant une fois entré dans la forêt. entourée d'une barrière.
Elle ne paye pas de mine, c'est un petit trou à peine assez grand pour y faire descendre un être humain, par un impressionnant puits de 40 mètres de profondeur.
Mais, c'est la deuxième cavité la plus profonde de Savoie avec ses moins 825 m de profondeur et 18 kilomètres de galeries jusqu'à la Tanne Froide !
La Tanne aux Cochons communique avec la Tanne du Névé (9) plus bas.
Sous le sentier en rejoignant la Place à Baban, on peut aller voir la Grotte « sous le chemin » et en s'avançant dedans, voir le « lait de lune » (mondmilch), une croûte pâteuse de calcite hydratée.
Voilà grosso-modo ce que j'ai retenu, j'espère que cette présentation sommaire vous donnera envie d'y aller.
J'y retournerai sans doute accompagné de mon petit-fils, avec le projet de voir plus en détail les rudistes et les « Coups de gouges », les vagues d'érosion dans les marmites de géants, puis, sur le retour outre de voir le soleil teinter de rouge la blancheur du calcaire, voir le Nant d'Aillon où les eaux du pluie tombées sur le sommet ne jaillissent à la cascade que 24 heures plus tard.
Les Bauges : Geopark de l'UNESCO