Arbre en hiver
Branches dénudées
Dressées vers les cieux gris et lourds
Racines protégées
Enfouies en des sols nourriciers
Immobile face au vent
Sage devant les éléments
Fort de ta patience
Libre de ta sédentarité
Généreux de tes fruits
Econome de ton eau
Avare de tes mots
Taiseux parmi les taiseux
Qui sait le nombre de tes années
Tant que ce tronc massif
Reliera terre et ciel
Nul ne me dira
Le jour de ta naissance
Aucun n'évoquera
Les heures de ta mort
Je vis
Je passe
Tu demeures
J’ai tout à apprendre
Je ne sais rien
Tu sais tout
Si tu ne me le dis pas
Murmure
A mon oreille
Posée contre ton écorce
Ceci n’est pas un Quichottinier dont le fruit est unique et ne s’accorde pas au pluriel.
Botanistes qui visitez parfois ces pages d’amateur, les incunables, folio et in quarto des Linné, Joseph Fourier, Mendel, Eichler, Jussieu, Bentham, Darwin, Tournefort ou André Césalpin seront muets devant les mots de l’Arbre à Mots