Aux oubliés.
Ceux qui ne volent pas, oiseaux qui grattent et migrateurs qui ne le font qu’à moitié, déboussolés sans repère, ceux qui se dandinent et ceux qui sautillent. Les oiseaux de mer, oiseaux des pôles arctique et antarctique qui ne restent pas de glace, ceux qui rampent et glissent. Ceux qui vivent en cage, ceux de Barbarie et de batterie, celles qui sont gavées, oiseaux qui caquettent, oiseaux en voie d’extinction et de perdition. Ceux à qui on a cloué le bec, en voie d’extinction de voix, qui murmurent et chuchotent et que l’on n’écoute pas. Nandous, autruches, pingouins et manchots de déserts froids et sables torrides.
Ceux qui sont sans bras et sans jambes, sans ailes, les vilains petits canards et les canards boiteux. Dindes, cagous, titi, pioupious et pintades en tous genres.
Ode aux grands géocoucous qui ne font plus que bip-bip sur des écrans infantiles, un coyote débile à leurs trousses. Emeus émus et oiseaux en prison, ceux qui y sont nés et ceux qui rêvent d’en sortir, poules d’eau et poules mouillées. Tous les oiseaux qui ne sont pas du ciel, oiseaux du fiel et sorcières sans balais, oiseaux de malheur, chouettes ou hiboux cloués aux portes des granges, corbeaux et freux aux ailes coupées, aigles et buses de volière sans aire ni repaire. Rapaces sans carapace au cœur tendre, chapons émasculés, oies sans foi ni loi loin du Capitole aux foies hypertrophiés et cirrhotiques.
Perroquets enchaînés au poteau du salon, aras qui rient, aras qui pleurent, inséparables solitaires au deuil mortel sans elle.
Moineau de Paris qui n’a connu que la rue, pigeon de square un fil à la patte, pigeon voyageur sans foyer, sans domicile fixe, bannis et porteur de H1N1. Albatros naufragé sur un pont de bateau à voile. Mouettes, goélands mazoutés sur une plage de Bretagne, dans une mangrove de Louisiane. Casoar casanier de parc animalier qui tourne en rond. Héron aux pattes gelées dans un marais cerné par des chasseurs bredouilles et frustrés, macareux dans un filet de chalut. Cigognes éléctocutées sur une ligne HVDC proche de 1000Kv. Marmettes et guillemots aux confins d’une banquise devenue fantôme. Kiwis dont le nom oublié n’est plus qu’un fruit vert partagé dans une assiette de fête défaite.
Toi aussi, dodo éteint dans une vitrine d'un muséum d’histoire naturelle aux couleurs délavées pas les ans aux cotés d’un ptérodactyle squelettique, muet, sans panache, ni plumage, ni ramage.
Phénix oubliés dénués de pouvoirs et de gloire.
Avion sans aile…