Dino Buzzati : le K.

Je pense n’avoir plus les codes pour décrypter la société qui m’entoure. Envahi par les médias, les informations pléthoriques, trop nombreuses, les combats incessants devant le non-sens humain, des envies de tourner le bouton du poste. Tous ces monstres incohérents qu s’agitent : bruits de bottes, précarité, mensonges et promesses, sciences en folie sans éthique. Un titre de « Libé » d’aujourd’hui : 5 mars 2010 pourrait être un titre de nouvelle : «Prédateurs. »

L’autre jour, de retour de rando je me suis arrêté chez « l’Abbé Pierre » à « l’Emmaüs » de Sassenage. Pour 0.50 centimes d’ € le livre, j’ai trouvé de la lecture.

Outre « Le régiment part à l’aube », une oeuvre posthume qui reprend les doutes du lieutenant Drogo au seuil de la mort dans le « Désert des Tartares », j’ai déniché le K.

Le K est un recueil de nouvelles publiées en 1966. Certains ont voulu comparer Buzzati à Perec, ou Thomas Mann, lui coller l’étiquette d’existentialiste avec Camus ou Sartre. Les contes du K, car il s’agit souvent de contes, avec 40 ans de recul revêtent une actualité percutante.

Le grand age, la société productiviste, le pouvoir et l’argent , la guerre et l’amour, des sujets éternels me direz-vous ? Oui et non, sinon pourquoi lire autre chose que de la tragédie Grecque, du Shakespeare ?

Dino Buzzati, journaliste né en 1906, met en scène des événements de notre vie quotidienne dans un cadre actuel. Des mondes parallèles se côtoient sans jamais ressemblés à des mondes de science-fiction, nous entraînant dans une angoisse existentielle sans espoir.

Le casse-pieds, Chasseurs de vieux, Iago, Le défunt par erreur, Petites histoires du soir, L’œuf, Quiz aux travaux forcés, autant de titres évocateurs pour une lecture décalée et comprendre enfin que le décryptage de l’actualité absurde reste toujours un exercice aussi difficile. Dédales et labyrinthes dignes d’un Kafka ou d’un José Saramago.

Grand amateur de montagne, ses cendres ont été dispersées dans les Dolomites en 1972.

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