Mijoty la petite sorcière. 1 le poème.
La petite sorcière Mijoty
A été lynchée,
Enterrée vivante
Voilà mille ans.
Les runes sont gardiennent de sa tombe.
Les hommes jaloux et ignorants
Ont eu peur de sa beauté, de sa naissance.
Ils ont préféré écouter les paroles de mort
D’un vieillard sec habillé de noir
Ignorant des choses des sens et du corps.
Le nez dans son livre inutile
Un signet cramoisi au centre
D’une page ouverte sur un charabia,
Un salmigondis dénué de sens.
Il l’a condamné de son doigt raide et crochu
En invoquant le ciel,
L’enfer est sortit de sa langue fourchue.
Elle tenait dans ses doigts
Serrés avec force : un gland.
La terre est entrée dans sa bouche
Elle a cessé de respirer .
Mais son cœur immortel
S’est battu à battre de la lenteur éternelle,
D’un cadran de mille ans.
Le village a disparu.
Les vents d’ouest ont arraché les toitures.
Les neiges du nord ont fait fuir la volaille.
Les canicules du sud ont asséché les puits.
Les routes de l’est ont fermé le paysage.
Le temple s’est écroulé, les vautours y nichent.
La balançoire où elle s’asseyait rêveuse bat encore
La mesure d’un autre temps
Un temps de mille ans.
Il faut faire quelques pas
Bien après l’éolienne sans ailes,
En dehors des ruines des cabanes
Pour voir à l’horizon cet arbre
Aux branches dressées vers le ciel,
Entendre une plainte cristalline
Qui vibre dans le vallon.
Quand on traverse la source elle fait silence.
Un silence de mille ans.
La petite sorcière Mijoty est là,
Qui t’attend depuis toujours.
La Terre est sa Mère,
Le ciel et les étoiles ses pensées.
Elle te dit approche n’ait pas peur
Ni d’hier ni d’aujourd’hui,
Et demain,
La mort et la vie ne seront qu’un
Pour l’innocence offensée.
Les déserts arides sont la pénitence
Des cœurs stériles et vils
Dont l’ignorance à coupé les propres racines
Du peuple qui sait.
Il navigue sur les plaines
Sans question et sans haine,
Sans boussole et sans hache
Depuis mille ans.
Sans guerre.
La revanche n’est pas dans ses mots,
Car dans son cœur mijote le bonheur
Le don de soi, le pardon.
Un feu couve chaleureux.
La petite sorcière Mijoty
N’a plus de chaînes,
Elle est le chêne,
La source, l’herbe, le vent, la nuit,
Le poisson, l’oiseau, le renard et le loup,
Le soleil, la mer, le sable, les comètes et les planètes.
La petite sorcière Mijoty a plus de mille ans
C’est une enfant.
Elle vient pour toi
D’ouvrir la main
Tends la tienne
Elle t’aime
Ses larmes sont la pluie.
Depuis bien longtemps
Peut être mille ans
Elle n’a plus de mots.
Alors,
Toi,
Qui a vu fleurir le désert :
Parle nous d’Elle.
PF
Conte sur une idée de dessin de Solyzaan pour
La Petite Fabrique d’Ecriture