Petites lectures entre amis pour une nuit blanche d'octobre à novembre.
Un titre à l'instar des « Petits meurtres d'Agatha » en cette période de Toussaint, Halloween ou Samain
peu importe à quel saint on se voue, voici quelques titres juste dans l'ambiance de la saison.
Ce ne sera pas une « Saison en Enfer », laissons Rimbaud . Sur le rayon de ma petite bibliothèque
d'automne un petit livre rouge édité en 1963 chez Brodard et Taupin laisse dépassé sa tranche de toile, on a envie de tendre sa main pour le saisir : Edgar Poe « Nouvelles histoires
extraordinaires », traduction de Charles Baudelaire.
Des titres de « short stories » aux couleurs du
temps.
Le démon de la perversité.
Le chat noir.
Le masque de la mort rouge.
Le diable dans le beffroi.
Ombre.
Une lecture au goût de cendre, je viens de relire le « Brooklyn follies » de Paul Auster. Au chapitre
« En route vers le Nord » Nathan parle de littérature avec Tom. Ils sont en voiture, Tom conduit, Nathan est bien sûr à « la place du mort ».
Chez Auster rien n'est laissé au hasard.
Nathan raconte ce que tout le monde en Amérique semble savoir sur Edgar Allan Poe et son tombeau.
Dans la plus pure lignée de la prose de Poe, quand il est mort le 7 octobre 1849, il a été enterré dans un
cimetière de Baltimore mais sans pierre tombale. Un de ses parents en avait commandé une de suite après sa mort mais elle est restée inachevée dans la cour du marbrier en dessous du talus d'une
voie ferrée...
...Un jour, le train a déraillé en écrasant la pierre tombale. Faute de moyens, Edgar Allan Poe est resté dans
une tombe anonyme durant 25 ans, sans pierre tombale.
Sinon, un humoriste noir aurait pu y inscrire :
« Ci-gît Edgar de pas de Poe ».
C'est le 1 octobre 1875 qu'une nouvelle cérémonie a lieu , Poe est inhumé de nouveau avec pour seule présence
celle de Walt Whitman et celle en mots de Mallarmé et son célèbre sonnet : « Le Tombeau d'Edgar Poe ».
Sur le haut de la tombe est sculpté un corbeau éponyme du poème de Poe avec un court extrait en guise
d'épitaphe : Le Corbeau dit : « Jamais plus !».
La teinte pour ces jours et ces livres est rouge aux côtés de la vieille tranche de toile « Le Carnet
rouge » de Paul Auster suivi de « L'Art de la faim » dont les titres des articles sont tout aussi éloquents pour cette nuit de 31 octobre au 1 novembre :
Noir sur blanc.
Des gâteaux aux pierres.
La mort de Sir Walter Raleigh.
Livre des morts.
Résurrection.
Prière pour Salman Rushdie.
Dans le tome 2 de la « Trilogie New-Yorkaise », « Revenants », Paul Auster évoque Walt
Whitman, H.D. Thoreau et Nathaniel Hawthorne , c'est comme cela que j'en suis venu à lire « La lettre écarlate ».
L'histoire se passe à Salem dans le village même où en 1692 a eu lieu la sinistre « Chasse aux
sorcières ». Hawthorne a changé son nom car son grand père puritain avait pris part au procès .
Dans la même veine plus sanglante et sur le même rayon,( dans quel état j'erre?), au placard sans doute pour y
dormir debout avec les balais de sortie cette nuit : « Sleepy Hollow » ou « La légende du cavalier sans tête » de Washington Irving donne presque envie d'aller flâner dans les
allées de « Sleepy Hollow Cementery » à Tarrytown (N.Y. USA).
Bonne Nuit.