Quelques notes en mineur.
J'ai redescendu ma guitare du grenier.
J'ai pris un chiffon pour en enlever la poussière.
J'ai essuyé les touches du piano couvertes de moutons comme ceux qui traînent
sous le lit défait.
J'en avais besoin, mon oreille (il m'en reste une) est trop injuste (comme toi,
m'as-tu accordé six mots?) pour accorder six cordes.
Mi, la, ré, sol, si, mi : j'ai plaqué un accord simple. Un la semi barré
et c'est la vieille chanson "So long Marianne" de Léonard Cohen
qui est revenue en premier.
Comme une absente après un long voyage, une petite mort oubliée depuis
longtemps, un silence ne sachant plus bien quand a pu être le dernier ?
« Your letters they all say that you are beside me now
Then why do I feel alone ?
I'm standing on a ledge and your fine spider web
Is fastening my ankle to a stone. »
J'aurais aimé comme lui être attaché dans ta toile, le vent a soufflé trop fort
cette fois.
Au lieu de nouer les liens, les bourrasques ont emporté les trames patiemment
tissées.
Il est un accord que j'ignore : mi4 , un désaccord sur ce que je connais
pourtant trop dans le refrain :
« It's time that we began
To laugh and cry and cry
And laugh about it all again. »
C'est toi qui m'a appris que rire et pleurer pouvaient se
ressembler.
C'est toi qui m'a dit que je n'étais pas fait pour le bonheur, que j'en
perdrais mon âme.
Moi je t'ai dit que to cry n'était pas crier.
Tu t'es tue.
Mon fa # est mineur celui-ci je ne l'oublie pas , je ne suis pas comme
toi.
Ma voix est éraillée peu importe.
Je poursuis jusqu'au dernier vers.
« Why should I keep you so far away ? »
Ton prénom n'était pas Marianne. Je ne l'écrirai pas.
Après sans doute , nous sommes allés boire un dernier
verre ?