Saint-Antoine l’Abbaye. Le Mal des Ardents.
Il y a tellement à raconter sur Saint Antoine l’Abbaye ! Le cadre invite à la visite.
Pour nous, c’est une destination vélo par Dionay et l’ancienne voie du Tram.
De nombreux sites mieux référencés en parlent en détail et se trouvent sur la toile. Cet article est surtout l’occasion de partager quelques clichés d’une sortie ensoleillée après la neige
Quelques dates.
An 251 Antoine naît en Egypte dans la vallée du Nil.
IV e siècle Antoine l’Egyptien ou Antoine le Grand. Ermite anachorète, moine solitaire.
Il meurt à 105 ans.
1070 L’empereur byzantin fait don à Jocelyn seigneur français des reliques d’Antoine jusque là conservées à Constantinople.
Son village La Motte aux Bois devient Saint Antoine l’Abbaye.
Il a bien fallu 400 ans pour construire cet édifice gothique.
Une date importante 1297.
L’Europe et notamment le Dauphiné subit une épidémie du Mal des Ardents.
Les symptômes sont une vasodilatation importante des gros vaisseaux donnant une sensation de brûlures aux membres des malades. Les artères éclatent, bras et jambes se nécrosent. L’issue est souvent fatale dans des souffrances atroces. Cela peut s’accompagner d’hallucinations proches de celles déclanchées par le LSD. Une thèse soutient que les événements de Salem aux USA ont pour origine ce qui est aussi nommé l’ergotisme.
L’origine de ce mal appelé aussi Feu Saint Antoine est du à une contamination des farines par un champignon : l’ergot de seigle. De nos jours on en extrait la DHE où Dihydroergotamine utilisée à visée vasculaire en traitement de fond de la migraine.
Les Antonins construisent des Hôpitaux et deviennent experts en chirurgie. Le Trésor
de l’Eglise outre un fameux Christ en ivoire aux détails très réalistes montre une collection impressionnante d’instruments chirurgicaux. Les Antonins étaient de fins anatomistes. Les amputations étaient la seule issue de ce mal avec, en adjonction un traitement par la vit E et F contenue dans la couenne de porc que les Antonins avaient
le droit d’élever en liberté.
Le Tau comme une croix tronquée représente la béquille des indigents et devient le symbole de cet ordre Hospitalier ainsi que le fameux cochon de Saint Antoine. L’ordre bientôt essaime sur toute l’Europe aux XIV et XV e siècle, c’est l’apogée des Antonins. Certains historiens attribuent cette expansion au fait qu’à la fin de l’ordre des Templiers, les Antonins ont été dotés du fameux Trésor par Philippe le bel et Clément V maudits par jacques de Molay le 18 mars 1314 sur le bûcher. Un ouvrage espagnol « Jacobus », met en lien le développement de Compostelle grâce à des thèses dignes d’un Dan Brown et du Da Vinci Code, retraçant sur les pas des Hospitaliers en Espagne, l’enquête jusqu’à un certain Jacobus dernier évêque Wisigoth acquis à la cause d’Arius ! « L’œuvre au noir » de Marguerite Yourcenar en parle en filigrane au travers de la quête de Zenon son héro éclairé. Dans cette tradition plus érémitique le Tau prend le sens ésotérique de l’Ankh des égyptiens.
Comme quoi il y a plusieurs niveaux de lecture de l’histoire et des symboles.
Guerres de religion et révolution mettent à mal les bâtiments, beaucoup de statues du tympan sont décapitées.
Prosper Mérimée inscrit l’ensemble architectural aux monuments historiques en 1840.
Actuellement le travail de restauration est en cours, et ce n’est que depuis peu que le grand orgue a retrouvé sa place.
L’été de nombreuses animations font vivre cet espace unique : fêtes médiévales, tailleur de pierre, relieur et différents artistes installés dans les venelles, les bâtiments de pierre, la grande place ombragée.
Saint Antoine l’Abbaye est une étape d’une des routes de Compostelle, le site de la commune propose la carte détaillée du chemin de Gillonay à Montmiral via Marnans et Roybon.
J’aime beaucoup l’iconographie médiévale, un faible pour les gargouilles.