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Publié par FMarmotte5

L’intention initiale de la petite troupe était de boire un verre à l’Auberge avant de séparer. Ceux de l’Ouest avaient profité de l’orage pour partir avant et ainsi écourter des adieux pénibles.

Quelques flaques éparses subsistent sur la Place du Cardo, le gros arbre y a laissé des branches. Le sol est jonché de feuilles lacérées de gouttes cinglantes bien que ce ne soit pas l’automne. Le vent s’engouffrant par les rues n’a pas fait de gros dégâts. Des cagettes, des sacs, de la paille, des objets de rebut rassemblés après le marché dans un coin de la place ont été dispersés et jonchent les grosses dalles du carré. Dans la fontaine des papiers sales se délitent lentement, un léger frisotti anime la surface grise de la vasque de marbre, masquant le reflet de la fuite rapide des nuées. D’ordinaire ensoleillée et animée la place ne revêt plus son abord accueillant et festif. Il semble que les jours fastes ne soient plus, un chien solitaire s’enfuit la queue entre les jambes à l’angle d’une rue.

C’est comme s’ il manquait quelque chose, comme le lendemain d’un feu d’artifice, une veille de funérailles, un jour  « sans », comme quand ouvre le garde-manger et que le jambon est rongé jusqu’à l’os, un tonneau vide quand on va tirer un pichet pour étancher sa soif, une source qui a cesser de couler et qu’on se retrouve la gorge en feu après des heures de marche, un arbre abattu par la foudre,une charpente écroulée, une lettre ouverte par mégarde, être arrivé trop tard quand on sonne à la porte, l’heure du coche passé pour un départ, la lame émoussée d’un couteau perdu à cause d’une poche trouée, un coup de soleil par un temps couvert, une vague scélérate, un navire échoué sur un bac de sable, un col dans le brouillard. Rien n’allait et quelque soit l’état d’esprit des uns et des autres il fallait bien se rendre à l’évidence, malgré les espoirs, les résolutions de chacun la petite flamme était bien faible dans le cœur de cette Compagnie.

Yorik marche en tête, après avoir marqué un pause à l’entrée de la place, son entrain et sa jovialité d’habitude inaltérable font place à un terrible abattement quand il tourne à gauche vers les trois marches de pierre qui mènent à la taverne de Maître Pietroquino. Il franchit les derniers mètres, pas sûr de ce qu’il voit. Il monte les marches, tape à la porte, crie, essaye de tirer le verrou, donne quelques coût de pieds dans le battant. Le bruit sourd résonne sur la place, un souffle de surprise parcours l’assistance.

porte close
Il faut bien se rendre à l’évidence : la porte est fermée.

Mamma Dream est loin de se laisser abattre, sa force de caractère forgée aux nombreux malheurs que son peuple a connu est une perfusion de Jouvence dans les veines de cette petite communauté atterrée.

-« Installons nous sur les bancs, l’eau fraîche de la fontaine suffira à sceller nos adieux. Hanoa Hanoa tu dois bien avoir encore quelques tisanes pour améliorer l’ordinaire ? »

-« Mais bien sûr Mamma. »

-« Moi aussi j’ai des poudres pour une potion qui nous remonteras le moral. » dit Nuage de Silence.

Et c’est ainsi qu’une dernière fois avant la grande Quête nos héros se sont assis en plein air sous le gros platane. Il tend vers le ciel de longs bras décharnés.

 Stratégies de dernières minutes, questions sur le mystère de la disparition de l’Aubergiste.

-« Et dire qu’on lui a donné la carte du Temps. »

-« Y aurait il un traître ? »

-«  Il paraissait si gai, au service de tous, avenant et cordial. »

-« Il a bien caché son jeu. »

-«  Une obligation de dernière minute, il reviendra, le village ne peut aller sans lui. »

Supputations, interrogations, je crois que tout a été envisagé pendant ces quelques instants. Devant l’ignorance des uns et des autres, les plus sages ont choisi le silence. Il est parfois des destins obscurs  et cachés.

La vieille porte de bois est toujours fermée quand au milieu de l’après midi, un faible rayon de soleil perce entre deux gros nuages couleur de plomb.

Islandine entraîne Inouk, Mc.Ingel et Nuage de Silence vers le nord, à la sortie du village dans l’onde claire du torrent, ils retrouverons le Saumon, sa rune : Kaunan sera leur sceau.

Bises, embrassades, accolades, serrements de mains, hochements de têtes, même quelques larmes ont été les signes extérieurs de cette séparation.

Qu’importe la porte fermée, leurs sentiers sont de liberté sur les ondes et les ruisseaux, il n’est pas dit que les fleuves seront infranchissables.

Dans le ciel, le Vautour tournoi et attend que notre vieux Manosthéralitaf se mette en branle. Pat le Traqueur porte la carte du Temps, Zorha et Mamma Dream, main dans la main ne sont pas  déçues. Le chemin vers le sud que Sarah leur a donné leur convient tout à fait. Devant eux la route est droite jusqu’aux premières collines. Au loin les sables brûlants semblent déjà cacher quelques mirages trompeurs.

Inlandir retourne sur ses pas,  la Clairière maintenant vide est la porte de l’Est, la forêt profonde retentit déjà des appels du Loup impatient. Kutu Nimba ne connaît ni la froidure de l’orient septentrional, ni les ombres profondes de la Sylve et de ses secrets. Ia, Iznir muets, suivent un Chris Johanson toujours aussi vaillant. Il est heureux que cette mission le sorte de la profondeur  des mines où il a tant sué. Qui ira explorer les chemins du Nadir ? Nul ne le sait. Pas lui en tous cas. Les sous bois, les chants d’oiseau, les nuits à belle étoile seront à présent les décors de son univers. Les entrailles de la terre garderons le mystère de leurs hôtes jusque là inconnus.

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Q
<br /> <br /> Là... Je sais combien c'est difficile. Alors, bon courage à toi. Le temps est rarement notre allié. <br /> <br /> <br /> <br />
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Q
<br /> <br /> Une question...<br /> <br /> <br /> Crois-tu que cette porte fermée ait désorienté tes héros suffisemment pour qu'ils ne viennent plus te rejoindre ?<br /> <br /> <br /> Ce serait dommage... tu racontes bien.<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Non, j'ai un chapitre en cours : "la grande rivière".J'ai un ennemi : le temps! il faut que je m'en fasse un allié .<br /> <br /> <br /> <br />
Q
<br /> Juste une réponse...<br /> <br /> Tu sais, je crois que ce qui est important ce n'est pas de savoir que l'on n'égale pas l'un ou l'autre, mais c'est de faire au mieux en étant soi.<br /> <br /> Je me suis régalée sur tes pages. Je t'ai laissé peu de mots... mais j'étais contente de pouvoir te lire.<br /> <br /> Décrire le manque, ce n'est pas si facile, et tu y es parvenu.<br /> <br /> Passe une belle soirée.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Je suis daccord avec toi. Le blog et la confrontation de ce que j'écris avec les autres est une expérience nouvelle. J'ai fait l'expérience d'un "cercle " d'écriture où on lisait à haute voix<br /> devant les autres, je n'ai pas trop aimé ce genre d'exercice!<br /> Bon semaine et merci de tes visites<br /> Pierre<br /> <br /> <br />
Q
<br /> J'aime beaucoup la façon dont tu as décrit le "jour sans"...<br /> <br /> C'est vrai que c'est tout à fait ce que l'on ressent.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br />  merci !<br /> fan de Georges Perec j'ai bien conscience que je ne lui arrive pas à la cheville.<br /> <br /> <br /> <br />