Message mess-z'art dans une noix.
Quand je suis entré dans l'ancienne pièce à vivre j'ai du pousser la porte chancelante et faire craquer les gonds. D'un geste du coude , j'ai essuyé les fils d'une toile d'araignée qui chatouillait mon front et mes yeux. Le temps de m'habituer à la pénombre, le souvenir de la voix calme et rassurante de Pedrito revenait à ma mémoire :
« -Tu cherches du travail ? »
Nous étions loin de ce temps là, j'avais acquis les techniques de survie sur Zart', la cueillette des graines de Grassifolia Gigantea, la pêche du Starfish, les expériences de jeûne en retrait pratiquée par les Zartoks lors de leurs voyages quantiques. Ce n'est donc ni la faim, ni la soif qui me ramenait ici aux confins des dunes du « Chant des Femmes », ni la peur.
Les « Taks Yackatam Yakyakaktam » ne s’élevaient même plus les nuits de conjonction astrales.
(Deux lunes, deux soleils, autant vous dire que c'était rare...mais prévisible.)
Je maîtrisais dorénavant les accès mentaux aux ondes modulées des circonvolutions cérébrales des Z+ Azac Tumac.
Regretté ?
Non, le sentiment de présence et de lien restait fort malgré deux liaisons-lune sans contact.
Je revenais ici ni en pèlerinage, ni par nostalgie mais parce que je savais que les infrastructures que le temps avait bien voulu laisser me permettraient de réaliser la promesse faite au groupe Alphepsilon d'apporter ma contribution à la pérennité de la survie sur cette planète qui m'avait accueillie d'abord comme touriste, incompétent, gauche, ignorant, fort de sa propre culture , béotien faible de sa suffisance, puis comme le collaborateur de Zôrk-Tumac dans ses expériences de voyage temporel.
Je n'étais pas un super-héros, loin de là et la devise de Zart' collait tout à fait à mes démarches hésitantes :
« Haz'art, Biz'art», en plaisantant nous rajoutions « Zart'ifice » avec mon ami.
Adepte de Zart'zen il aimait énoncer un Koan, rappeler que tout n'est illusion.
Pour atteindre la porte j'avais du tailler à la machette de gros troncs de Gigantifolia, secs, stériles. Proche de l'ancien puits, une serre en piteux état dégorgeait de tiges devenues ligneuses de tomanzanillas sauvages. Des stolons courraient sur les dalles faisant sauter les joints de « pav'art » ayant pourtant fait leurs preuves sur le ventre des navettes entrant dans l'atmosphère surchauffée par les deux soleils de la planète à des vitesses supersoniques. Faisant vibrer l'air léger autour du spatioport incommodant les étrangers pourvus encore d'un système cochléovestibulaire non-augmenté.
Pedrito était un as de la récup' !
Cockpits de draxiglass pour des cloches de forçage, manches de palonnier en flexitron pour tuteurs, des liens de mémotoons tombés au sol formaient des vibrisses tournicotant tels des vers au grès des passages, de l'ombrage d'une feuille, moustaches de Chaz'art.
Esmezarta dont j'avais perdu la trace était plus pragmatique et n'hésitait pas a sacrifier les coutumes anciennes à la productivité. C'est d'ailleurs ce qui a mener son entreprise à la faillite. Son visage avait disparu des écrans, sa gloire passée n'était plus associée à la lumière de Gamma. Restait son action pour la protection de Grassifolia Gigantea Robosa Z. dans la zone bioclimatique très particulière du désert de Zart'bi.
L'ancien domaine avait été déclassé, les « canataris » ne chantaient plus, les touristes ne débarquaient plus en masse sur le spatioport Zartien , les Zartöks eux-mêmes semblaient avoir émigrés vers d'autres terres extra-galactiques. Certains reviennent à la stèle du souvenir afin de transmettre un semblant de tradition à leurs enfants naturels ou clonés, ils ne font pas la différence car souvent les expatriés portent en appendice une augmentation mémorielle , utile aussi pour ré-initialiser leur hard-ware lors du passage du célèbre Cartube.
Sous le banc de pierre devant la fenêtre où nous avions passé de longues veillées à refaire le monde Pedrito et moi, je n'ai pas eu l'ombre d'un doute ni une hésitation à retrouver l'ancienne boite de fer-blanc où je rangeais mes « Trésors ».
Quelques cartes postales, des cailloux, des graines, une fleur séchée , surtout de nombreuses photographies, de la ficelle, un couteau, un marque-page. Les circonstances de mon départ précipité m'avait fait oublier de prendre ce léger bagage sous le coude. Aujourd'hui je m'en réjouissais après les nombreuses heures de deuil et de doute.
Le vide affectif que rien ne comble.
Lorsque mes yeux se sont habitués à l'obscurité de la pièce, sur la table, un tas informe attira mon attention, un sac jaune paille curieusement exempt de poussière, fiché dans les mailles, une cheville de bois sec transperçait une note dans ma langue.
«-Prends-les !
Un Mess'art est caché dans l'une d'elles. »
J'ai défait les liens avec patience, ignorant le contenu du sac, intuitivement je sentais qu'il m'était destiné bien que ne reconnaissant pas l'écriture sur le papier.
C'était le dos d'une ancienne publicité de Blirk à 1Z. Avec promesse de gagner un spectacle gratuit au Cosmik@affé. Je savais qu'il était fermé depuis mon retour chaotique des Portes du temps avec Cyborg R VII.
«- Jo ? » Pensais-je.
Jo n'était pourtant pas branché agriculture, il devait sans doute toujours conduire son taxi et lancer ses « Zart'ye-Bye ! » aux rares clients qui se risquaient à venir pêcher le Starfish.
Je l'imaginais bien larguer ces voyageurs nostalgiques sur les berges salées de la mer de Zart'.
Depuis déjà longtemps les anciennes fréquences de communications réalisées grâce aux ramifications des branches et des racines d'Amato Digitas, cet arbre unique sur Zart' ne fonctionnaient plus, en voie de disparition il n'en restait que de vagues buissons tout juste bon à nourrir quelques chèvres sauvages bien incapables de décoder les fichiers-sources de cet arbre à palabre.
Aussi disertes que les premiers Lakotas des plaines l'oreille collée aux poteaux du télégraphe pan-américain, de temps en temps un bêlement paraissait significatif. Un groupe de chamanes était né afin d’espérer décrypter le message des anciens. Pauvre initiative archaïque qui aurait sans doute produit des fruits mais après combien d'impasses et de fausses pistes ?
J'ai plongé la main dans le sac sans arrière pensée et en ai retiré une poignée de noix. Des noix qui avaient tout l'aspect des nôtres, taille, forme, couleur, coquille, poids, odeur, touché, son à la frappe, gravité.
Le message de Mess'art laconique et lacunaire était-il comme un jeu de piste, une noix codex dans laquelle était enfermé un texte, une formule ?
Le message était-il inscrit dans les gènes d'un de ces fruits ?
Dans ce cas faudrait-il que je les sème et attende de longues années avant de voir vers quelle aventure cette promesse m'avait mené ?
Je savais que le groupe de Z+, gardiens de la mémoire de Zart' avaient investi des domaines autres que le B.A.ba de l'informatique, les séquences en mode binaire, les 0 et les 1. Les nanotechnologies n’avaient pas de mystères pour ces cerveaux surdéveloppés capables de penser en réseau, de télépathie sous empathie contrôlée.
Je pensais même qu'en cherchant un peu dans les réserves des ruines de l'exploitation d'Esmezarta je trouverais un microscope électronique, une seringue cellulaire, une aiguille à laser, quelques boites de Pétri à clonage, et même un génotron de première génération.
Je suis allé boire à la fontaine et grignoter deux ou trois tomanzanillas sauvages, des remontantes dont j'ai trouvé le goût plus suave et prononcé que les hybrides standards commercialisés par la brune femme d'affaire qui m'avait berné. Avec, je dois dire mon assentiment affectif et sans discernement.
En ouvrant la porte grinçante d'un placard, un bocal de graine de Gigantea m'apporterait un apport protéique substantiel pour quelques jours.
Laissant mes investigations au lendemain je me suis étendu sur le Hamak-tumac de fibres , chassant un Kracnol de son nid. C'est en regardant se coucher les deux lunes de Zart' à quelques minutes d'intervalle que j'ai réalisé que nous allions entrer dans la saison humide.
Le temps allait être idéal pour mener à bien mes recherches.
Je croyais dormir d'un sommeil de plomb en oubliant que cet ancien métal des alchimistes se transmutait en or, mes pensées passèrent de la surfusion à la sublimation et c'est en grelottant que j'ai perdu conscience en entrant dans le Big-Zarta dont jusqu'à présent j'ignorais la présence en dehors du champ de la magnétosphère Zartienne.
Une singularité ?
Carnets de voyage sur Z'art' page 13
Des nouvelles de Zart' .Chapitre 4
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Le vaisseau progressait doucement proche de la vitesse de la lumière. Un incident sur les turbines à plasma avait obligé le Commandant Zork IV de faire une boucle quantique vers le trou noir QT ...
Grenallon. Chapitre 6
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" Cyborg R VII = :: analysez les tuiles de graphite de la navette de retour du vol Zart' 2611 tpz.g. " La voix synthétique résonna dans le hangar. Sans précipitation ce bijou de la techno-ingén...
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Le Cartube. Chapitre 7
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Mon pilote était attendu ailleurs et m'a laissé rapidement après avoir valider le règlement des consommations. De nouveau seul sur Zart' je n'avais nulle envie de retrouver Esmezarta. Elle m'au...
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J'attendais depuis à peine 20 minutes dans la salle d'accueil du crématorium de Zork-ville. Le temps de parcourir les titres de quelques livres anciens posés sur les étagères de plexiglas dans...
Deuil sur Zart' . chapitre 9
Retour Biz'art. Chapitre 10
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Bête que je suis, la lucarne à blaireaux n'était pas un bocal de verre mais une surface molle que les théories du chaos de Gilles de Gennes avaient contribué à concevoir. Le seul avantage à ...
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J'ai essayé tant bien que mal de me mettre debout. Le sang ne coulait plus sur mes joues, il était remplacé par de grosses larmes salées qui avançaient avec lenteur, leur viscosité due à la ...
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Rencontre de Haz'art. Chapitre 12