Oblomovisme n'est pas procrastination.
Quelques réflexions après la lecture d'Oblomov de Ivan Alexandrovitch Gontcharov
Au delà de la question de la procrastination, je trouve qu'Oblomov est un décroissant avant l'heure. A une période après le romantisme incarné par Olga du début du roman, la Russie est confrontée à la modernisation du XIXe siècle ( Andréï Stolz d'origine allemande , l'occident), modernisation de l'agriculture, routes, chemin de fer, ponts, industrialisation, voyages, actionnaires , les balbutiements de la mondialisation dont Oblomov prend des nouvelles par personnes interposées.
« Les anglais vendent des armes à l'Inde... La planète se refroidit...)
Nostalgique d'un Âge d'Or, d'un paradis perdu, celui de l'enfance. Oblomov aime les chose simples. Sans doute utopiste comme la pensée écologiste de nos jours tous ce qui nous ennuie : papiers, charges, mariage, obligations , impôts, factures, mondanités, paraître (théâtre, habits), repas et réceptions le fatigue Ilia Ilitch n'y voit guère d'intérêt.
Le monde change, s'écroule comme l'Atlantide de Platon emporté par une catastrophe planétaire, alors à quoi bon faire des choses? Ne vaut il pas mieux rester allongé sur sa méridienne ?
Les écarts sociaux de l'époque dans la féodalité russe? Hé bien ! comme Jean Ziegler qui parle de nouvelle féodalité des nantis (1% possèdent 95% des richesses) le monde n'a pas trop changé , sdf, précarité des emplois, passe-droit, fonctionnaires inutiles, politiciens corrompus, piques-assiette de tout acabit, magouilleurs et escrocs, paysans pauvres, marchés parallèles, solitude rien n'a bien changé.
Agafia Matvéevna est la « Mère » intemporelle, prête au sacrifice, une mère patrie passée ? Zakhar fidèle domestique inculte illettré caricature du « Peuple Russe » d'avant la révolution, ce n'est pas lui qui se révolte en 1917, il est déjà mort ou bien le père qu'il n'a pas eu, incapable d'assumer sa fonction tutélaire.
L'âme russe et son mystère partagée dans sa quête schizoïde entre Orient et Occident.
Question littéraire, avant la psychologie et Freud, Gontcharov se hisse au niveau de Balzac, Flaubert, Zola, Tolstoï, Dostoïevski dans ses études de caractère.
Dans le lien Guillaume Gallienne fait un très beau commentaire en vidéo lors de la mise en scène au théâtre d'Oblomov au « Théâtre des Célestins ».
Oblomov
Ivan Gontcharov
Livre de poche édition juin 2014