La scène du balcon.
Vérone le 21 avril 1978...
...depuis le 15 avril nous étions en vadrouille genre « road-movie » après une nuit à Six-Fours-Les-Plages via Venise.
Une nuit à Crémone, Trieste, Ljubljana, Klagenfurt, Velden sur le Würthersee, Bolzano, Sirmione .
Campings et hôtels « hors saison ».
Crevaison avec l'AMI6,
Brouillard et choucroute en boite.
Odeurs de cuisine dans le couloir.
Queue d'attente dans une charcuterie Yougoslave.
Pique-nique en bord de route.
Le Grossglockner est encore enneigé.
Reste quelques photos passées,
Une carte postale.
Des images dans la tête sans nul regret
Des flots de bonheur.
Vérone.
"Roméo et Juliette Acte II, Scène 2 "
La scène du balcon
Le jardin des Capulet.
Entre ROMÉO.
ROMÉO - Il se moque bien des balafres
Celui qui n'a jamais reçu de blessures.
Juliette paraît à une fenêtre.
Mais, doucement !
Quelle lumière brille à cette fenêtre ?
C'est là l'Orient, et Juliette en est le soleil. Lève‑toi, clair soleil, et tue la lune jalouse
Qui est déjà malade et pâle, du chagrin
De te voir tellement plus belle, toi sa servante.
Eh bien, ne lui obéis plus, puisqu'elle est jalouse,
Sa robe de vestale a des tons verts et morbides
Et les folles seules la portent : jette‑la...
Voici ma dame.
Oh, elle est mon amour !
Si seulement elle pouvait l'apprendre !
Elle parle... Mais que dit‑elle ?
Peu importe,
Ses yeux sont éloquents, je veux leur répondre...
Non, je suis trop hardi.
Ce n'est pas à moi qu'elle parle.
Deux des plus belles étoiles de tout le ciel,
Ayant affaire ailleurs, sollicitent ses yeux
De bien vouloir resplendir sur leurs orbes
Jusqu'au moment du retour.
Et si ses yeux
Allaient là‑haut, si ces astres venaient en elle ?
Le brillant de ses joues les humilierait
Comme le jour une lampe.
Tandis que ses yeux, au ciel,
Resplendiraient si clairs à travers l'espace éthéré
Que les oiseaux chanteraient, croyant qu'il ne fait plus nuit...
Comme elle appuie sa joue sur sa main!
Que ne suis‑je le gant de cette main, pour pouvoir toucher cette joue!
JULIETTE - Hélas!
ROMÉO, bas.
- Elle parle.
Oh, parle encore, ange lumineux, car tu es
Aussi resplendissante, au‑dessus de moi dans la nuit,
Que l'aile d'un messager du Paradis
Quand il paraît aux yeux blancs de surprise
Des mortels, qui renversent la tête pour mieux le voir
Enfourcher les nuages aux paresseuses dérives
Et voguer, sur les eaux calmes du ciel. "
Shakespeare