« Temps glaciaires ». Rompol de Fred Vargas
«Je dis que quiconque tremble en ce moment est coupable ; car jamais l'innocence ne redoute la surveillance publique.»
Rien de tel pour avoir froid dans le dos et se glacer les sangs dans le contexte actuel que de méditer sur cette citation du « Discours de Robespierre lors de la séance de la Convention du 11 germinal An II (31 mars 1794)» pour se mettre dans l'ambiance du « rompol » de Fred Vargas.
Une des atmosphères, car suivre le commissaire Adamsberg dans les méandres de ses pensées n'est pas facile, il nous balade dans tous les sens du terme.
En ces temps de réchauffement climatique, l'amateur de froidure que je suis s'immerge dans ces brumes gelées.
Le feu craque dans la cheminée, sur la table basse un porto, la nuit passera vite, les pages tournent, au matin le givre recouvre les branches du sapin, un plaid est posé sur mes genoux , l'âtre froid n'est que braises fragiles.
Voyage historique dans la « Terreur », la grande salle de la Convention est aussi froide que le tarmac de Reykjavik, la « Convention Montagnarde » pour rajouter encore une couche de glace.
Ni Jean Malaurie, ni Paul-Emile Victor nous accompagnent dans l'exploration de ces « Terres Polaires », les collaborateurs d'Adamsberg y vont en traînant les pieds, car c'est presque en dilettante que le commissaire nous fait franchir le cercle polaire où le brouillard givrant tombe tel un couperet.
Un fil affûté comme une lame de guillotine conduit le lecteur, le perd, l'égare, le prend par la main, l'emmène loin, très loin.
On reconnaît la formation d'archéologue de Fred Vargas, elle nous accompagne pour creuser, gratter, récolter des fragments insignifiants, déchiffrer des signes, mettre en relation des choses, des sons, des mots, des silences, des gestes dans un seul but : dévider la bobine d'un film intérieur, révéler l'humaine comédie au théâtre de l'histoire, sur la scène du crime.
"Rompol" : on ne trouve pas ce genre littéraire dans wikipedia. En cherchant bien on en trouve une vague description dans plusieurs articles sans en savoir plus ensuite, le mieux c'est de lire Fred Vargas.
« Temps glaciaires » Fred Vargas chez « j'ai lu » édition du 21 mars 2016
Autres lectures à température ambiante :
"Glacé" Bernard Minier, pocket mai 2015
"Terreur" Dan Simmons, Robert Laffont septembre 2008
Relire l'intégrale du discours de Robespierre du 11 germinal an II