Ces bois là !
Je ne suis pas chasseur et bien qu'aillant souvent accompagné mon père pour des battues, je n'ai jamais eu ce besoin d'appartenance à un groupe.
Je ne suis pas grégaire.
Le genre de photo que je mets plus bas fera comprendre à ceux qui me connaissent un peu, la démarche plus personnelle que j'ai fait dès l'adolescence.
Je ne nie pas le rôle de gestion qu'occupent les ACCA et les sociétés de chasse, c'est grâce à elles que je peux profiter de la présence du cerf élaphe proche de chez moi.
Solitaire, je lis beaucoup, je vais vous reparler encore d'un roman de Fred Vargas.
On ne résume pas un « rompol » de Vargas.
« Dans les bois éternels » est une histoire complexe où Adamsberg revient sur les lieux de son enfance.
On n'enfouit pas délibérément son passé , ni des événements significatifs de son existence.
La « France profonde » est complexe, sa mémoire est parfois en train de disparaître, les cafés ferment, les réseaux anciens liés aux activités locales sont en mutation vers des liens plus virtuels.
Fred Vargas explore la campagne française comme l'archéologue qu'elle est, y décrypte les signes, rassemble des fragments, fait parler les non-dits, écoute les silences.
Il est difficile de dater l'enquête, pour ma part j'ai parfois l'impression de venir en visite dans des lieux connus de ma jeunesse, comme parfois quand on s'arrête en vélo dans un village du massif central où une radio à lampe trône sur une étagère, un enfant en retard de langage vient nous regarder sous le nez, et au mur au-dessus d'une cheminée ouverte pend un trophée dont les andouillers sont reliés par une toile d'araignée hors-saison.
La démarche du commissaire est déroutante entre intuition et analyse scientifique, le mystère règne, une ombre plane.
C'est dans un prose poétique que Fred Vargas nous entraîne parfois manger dans une auberge provinciale, marcher dans un bois en hiver, rouler sur une petite route, rencontrer des gens que nous n'aurions jamais croisés sans l'enquête.
Dans ce roman, Adamsberg précise la différence entre bois de chute et massacre.
Le merrain qu'on trouve dans les bois n'est pas rattaché au crâne, il est détaché du pivot, alors que lors d'une chasse il est prélevé comme trophée et nommé « Massacre », les bois sont encore solidaires du crâne du cervidé. D'ailleurs le premier cor sur le bois est l'« andouiller de massacre », avec lequel le cerf aux aboies peut éventrer un ennemi : chien, loup …
Le bois quand on sort des sentiers peut prendre des allures de champ de bataille.
Ci-dessous les différentes parties du bois d'un cerf.
Dans « Temps glaciaires » Adamsberg ou Céleste en parlant de Marc le sanglier signale que le vocabulaire autour du sanglier est un des plus riche de la langue française.
C'était peut-être aussi à table à « L'Auberge du Creux » ?
« Mardi : Entrée : salade aux gésiers de poulet.
-Je laisserai les gésiers, dit Danglard.-Je m'occupe de tes gésiers, dit Bourlin.
-Plat : bavette sauce au poivre avec pommes-paillassons. Vous voyez ce que sont des « pommes-paillasson » ?
« Temps glaciaires » Fred Vargas page 69 édition J'ai lu 21mars 2016
En cherchant sur internet j'ai découvert que c'est la vénerie toute entière qui était source de ce vocabulaire foisonnant. Précis, détaillé, poétique parfois, depuis le paléolithique supérieur l'homme utilise les bois comme outils , instruments, objets décoratifs, il n'est donc pas étonnant que bon nombre de mots et d'expressions soient passés dans le langage courant.
Attention à tes abatis
Tire tes meules
Être aux aboies
Tenir à sa botte
La curée
En découdre
Des faux-fuyants
Le nerf de la guerre
Rameuter le quartier ….
Un monde de mots.
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Paroles de sanglier, un vocabulaire bien particulier
Par Cela remonte à pas mal d'années mais de mémoire d'animal, j'ai toujours eu l'impression d'être un mal-aimé qu'on aime bien. Tant d'ambiguïté à mon égard vaut bien la parole d'un sangli...
Une synthèse des connaissances qu'ont définies, jusqu'à nos jours, les ' Grands Maîtres de la Vénerie '.