Diversifier les biotopes dans son jardin. Agir local.
On entend le mot biodiversité à tort et à travers.
Pour beaucoup de personnes biodiversité est synonyme de collection, recensement. Cette approche vétuste est digne des musées du XIXe siècle.
Ce qu’en dit le dictionnaire,
« Biodiversité : n.f. Diversité des espèces vivantes et de leurs caractères génétiques. »
En fait chaque espèce n’existe par seule et indépendante de son milieu et des autres espèces.
Il serait préférable de parler de
« Biocénose : (biocoenose) :n.f. (du grec bios, vie et koinos, commun) Ensemble des êtres vivants (animaux, végétaux, micro-organismes) présents dans un même milieu ou biotope ».
« Biotope : n.m. écol. Aire géographique de dimensions variables, souvent très petites, offrant des conditions constantes ou cycliques aux espèces constituant la biocénose. »
Que faire dans mon jardin ?
De petits gestes simples permettent de maintenir la biocénose et même de l’améliorer en augmentant les biotopes par le maintien de la diversité des milieux.
Tout le monde a entendu parler des maladies, des parasites et des dangers qui menacent les abeilles de disparition.
2010 a été déclarée « Année internationale de la biodiversité » par l’ONU.
Il en est de même pour beaucoup d’autres espèces qui ont un rôle dans la pollinisation .Pour accroître la production du potager, les insectes doivent pouvoir venir butiner les fleurs de courge, courgette, framboisier, cassis, groseille, cognassier, arbres fruitiers, pêche de vigne.
Après avoir supprimé de nos habitudes les pesticides désherbants et autre chimie artificielle qui fait le bonheur des industriels sans scrupule, il faut trouver de nouvelles méthodes pour protéger certains légumes de leurs parasites.
Exemple : semer des capucines proche des choux pour les protéger de la piéride (papillon et chenille dévoreuse).
Alterner les cultures afin de débarrasser la terre des parasites comme le taupin ou le vers du poireau, les maladies des tomates.
Mettre des orties au pied des tomates. Le net fourmille de petits trucs que l’on peut aller glaner au grès de nos butinages virtuels.
Ciboulette entre rose trèmière, pavots de Californie et scabieuse; au pied du bois broyé.
Je me suis procuré un broyeur, pas tant pour éviter d’enfumer les voisins quand je brûle mes tailles de haie ( mes voisins sont à plus de 500mètres) que pour faire des copeaux de bois.
Soit je les composte, soit je les mets au pied des plantations afin de faire travailler la terre par les lombrics et de maintenir le sol frais et réduire les arrosages.
« Rien n’est parfait » dit le Renard au Petit Prince à propose des poules et des chasseurs : les lombrics attirent les taupes qui les mangent alors sur des piquets de fer j’ai posé des bouteilles plastique à l’envers, le vent les agitent et cela faire fuir les taupes à un autre endroit du jardin où je n’ai pas de cultures.
Cette année j’ai fabriqué des nichoirs à insectes. Coccinelles ou pour des espèces d’abeilles non sociales qui ne vivent pas dans des ruches, des abeilles sauvages dites : « abeilles solitaires ».
Facile : quelques chutes de lambris (non traités) des bambous et voilà.
Un vieux tronc percé de trous placé vers la sauge officinale.
Au lieu de tondre ma pelouse comme un golf californien, je laisse des zones non fauchées. Un carré sauvage a son esthétique mais en plus, les floraisons à l’intérieur maintiennent un biotope au grès des saisons. La prolifération des insectes permet aux oiseaux de se nourrir pendant l’élevage des poussins.
Varier les plantations dans les haies. Derrière la maison en nord une haie protège de la bise.
Houx, charmille, sureau, aubépine, églantier, noisetier, buis, chèvrefeuille, offrent un abri aux hérissons, le merle y niche.
Multiplier les marges et zones intermédiaires. La nature n’aime pas le rectiligne en bordure de haie ou de jardin les « simples » et les plantes aromatiques peuvent s’étendre. Souvent envahissantes comme la menthe, l’alkékenge. Je laisse plusieurs endroits où les orties peuvent proliférer à leur guise, car je les mets dans le compost comme activateur, (outre le purin d’ortie et ses vertus insecticides et parfois désherbantes) mais aussi dans la soupe au printemps quand il n’y a plus de poireaux au jardin.
La platebande de plantes fleuries ne dédaigne pas accueillir de la ciboulette mais aussi des plantes sauvages tout aussi décoratives que celles que l’on trouve dans les catalogues : knautie ou scabieuse des champs, angélique, ancolie. En laissant un peu de liberté à la nature les semis se font seuls, pavots de Californie, lin, nigelle de Damas, rose trémière, consoude, bouillon blanc, monnaie du Pape, onagre bisannuelle, violette et mauve vont coloniser des lieux que nous n’aurions pas idée de fleurir.
Piéride du choux sur une scabieuse des champs ou knautia.
Eviter de cloisonner son terrain avec murs et grillages si c’est possible. Certaines montagnes sont devenues des îles car encerclées par les agglomérations, les fleuves, les autoroutes les échanges entre les massifs ne se font plus. Pour éviter l’appauvrissement génétique des espèces l’homme est maintenant obligé d’introduire de nouveaux sujets pour renouveler le « sang », des « corridors écologiques » sont aussi construits pour les migrations sur les sites de reproduction.
Sol, sous-sol, haies, canopée, troncs, pelouse, prairie, tas de bois, compost, massifs deviennent des partenaires actifs du jardin potager.
Où trouverai-je une fraise des bois parfumée ?
Entendre le bourdonnement des abeilles, le chant d’un chardonneret au sommet du charme, l’envol des grives sur l’alisier quand je sors le matin, la surprise de voir un crapaud en soulevant une tôle vers le tas de compost, le tac tac de la queue rousse qui protège ses oisillons déjà au sol, mâcher une feuille de sauge, froisser une feuille de menthe marocaine, égrainer un épis de lavande en se frottant les mains pour les renifler ensuite, le glissement sourd d’une couleuvre vers la mare, entendre la hulotte à 2 heures du matin, le vol nuptial de deux libellules unies en forme de cœur, voir un grillon gardien de l’entrée de son terrier.......
"-Dis-moi, grillon, et qui es-tu toi?
-Je suis le Grillon Parlant, et j'habite cette pièce depuis plus de cent ans.
-Mais aujourd'hui elle est à moi, dit le pantin, et si tu veux me faire un vrai plaisir, va-t'en tout de suite, et encore sans te retourner.
-Je ne m'en irai pas d'ici, répondit le Grillon avant de t'avoir dit une grande vérité......"
Pinocchio : Carlo Collodi
« Aucun amusement ne vaut la culture de la terre. Raisonnablement conduite, elle n’est pas plus pénible que la cueillette des myrtilles et, si elle affecte des airs supérieurs, c’est qu’on ne s’y livre pas comme il faut. »
H.D Thoreau Journal 1837-1861
Au revoir je suis au jardin écouter les conseils de mon grillon !