La Malle en cuir ou La Société idéale. Robert Louis Stevenson.
Je croyais avoir « tout lu » de Stevenson . Sans tapage, ni fanfare, la nouvelle est arrivée à mes oreilles par un interview à la radio en avril pour se concrétiser en juin par un cadeau de mes enfants.
Michel Le Bris, spécialiste de Stevenson, travaille déjà depuis quelques années sur un de ses manuscrits inachevé . Antérieur à « L’île au trésor » ce texte possède déjà la semence de ce que sera l’œuvre et la vie du compagnon de Modestine.
Le fondateur du festival « Étonnants voyageurs » relève le
défi de terminer le roman. Par une pirouette littéraire, Michel Le Bris entretien le mystère avec lequel Stevenson nous laisse sur notre faim au chapitre IV du livre II. Le lecteur est en haleine
, avide de connaître le secret le la « Malle en cuir ».
Au nord de l'Écosse sur l'île d'Inchamagine, « la Société Idéale », ses six compères affrontent revers et tempêtes. Jurons, ombres du capitaine Silver et de Long John, whisky, Michel Le Bris et Stevenson tiennent la barre dans les manœuvres de marine malgré les grains et les coups de vent, trouverons-ils une baie, un mouillage , un peu de repos ? Le lecteur est du voyage.
Aventure humaine dans le bouillonnement idéaliste du XIX e siècle, il semble que tout soit encore permis. Clairvoyance, distance et humour de l'auteur de « Dr. Jekyl et Mister Hyde » sont omniprésents, la nature humaine et ses travers sont de sérieux obstacles à la réalisation de projets fous comme les rêves et les utopies en 1877.
Tout y est pour être fou : la rupture avec le train-train bonhomme d'une vie et carrière toute tracée. Questionnement de jeunes adultes avant de se lancer au sortir de leurs études dans la vie active. Des voleurs, des amours, des virées de nuit, des naufrages, le manque d'amour maternel, une nounou comme la « brave Cummy », la solitude, l'amitié, le non-dit du roman familial, les îles sous le vent... flibustiers, constructeurs de phares, marins, aubergistes, veuves et bien sûr : une malle.
De santé fragile Stevenson aurait pu se contenter d'écrire, mais comme Jim après le récit du « Vieux loup de mer à l'Amiral-Benbow », il s'embarque pour l'aventure.
Michel Le Bris nous donne de ses nouvelles via Blackburn et malgré son départ en 1887 pour l'Océanie, j'ose croire qu'à Vailima aux Samoa , « Tusitala », « le conteur d'histoires » anime encore les soirées devant un « Fale tele » traditionnel.
La Malle en cuir ou La Société idéale, Robert Louis Stevenson.
Roman achevé par Michel Le Bris.
Gallimard nrf collection « Du monde entier». Avril 2011.