Les Histoires de Boites de la Petite Jardinière du Ciel.
Ce n'est pas une boite de Pandore, n'aie pas peur de l’ouvrir, il n'en sortira que des bonnes choses.
Selon ton humeur et tes désirs, fleurs, étoiles, comètes, idées lumineuses, mots de réconfort, petits légumes variés, poissons d'argent, oiseaux joyeux, deviendront réalité.
J'ai baptisé ma « Boite à Rêve » la Petite Jardinière du Ciel, elle porte sur son ventre un sac plein de semences variées. Le printemps arrive, c'est avec curiosité que nous allons découvrir ce qui va germer de cette diversité.
Les graines, ce sont des êtres en gestation, des espoirs de fruits, de fleurs, de légumes, d'arbres. J'aime à penser que cette biodiversité fera de mon jardin un Éden.
« Viens Petite jardinière du Ciel, lance ton bras robuste et généreux vers la terre que j'ai préparée pour toi. »
Grand amateur de boites, dans un placard que je nomme avec ironie mon « Cabinet de curiosités », des boites de toutes sortes s'empilent, s'encastrent, se cachent les unes les autres, s'occultent , se télescopent, pleines ou vides, verrouillées de serrures dont j'ai perdu la clé, des charnières cassées, dures ou grinçantes, des motifs bariolés de vacance , de médicaments anciens, d'affiches art nouveau.
La Boite à Rêve de Solyzaan ne sera pas seule.
Boite à biscuits de Bretagne.
Boite à sucre 1900, cassonade et candi.
Boite de pastilles, cachous, Valdas et réglisses.
Boite de gâteaux secs : galettes Nantaises, Lu, Chalet, BN, petits beurres gravés à la main, des cœurs de petits Belins à grignoter étrangement sans s'étrangler.
Boite de cartes à jouer aux décors de réclames anciennes pour bistrots, bouchons, sur le zinc, le velours d'un tapis de jeu et le Formica.
Boite à savon, boite à poudre, boite à sel, boite de maquillage.
Une chanson de Graeme Allwright me revient en mémoire, peu optimiste sur notre sort dans une société qui met en boite, ses « Petites boites sont trop étroites ».
Mes boites à moi se veulent poétiques et porteuses d'espoir comme la « Boite à rêves ».
Profondes, parfois à fonds perdus, elles s'ouvrent d'un ordre simple : "Sésame ouvres toi!", à moins que la simple caresse sur le flanc d'une lampe à huile suffise à entrebailler les lourdes portes d'un songe oriental, d'en soulever la tenture de damassée.
Le rêve est singulier , personnel. Sa signification est unique et ne parle qu'a celui qui l'a fait. Le rêve est pluriel, rêves des hommes, rêves de paix, de lendemains qui chantent, rêves rémanents et visionnaires des grands hommes.
« I have a dream ! » devient une réalité pour les plus optimistes, d'autres se les construisent ensemble et font encore des révolutions. Rêves au pluriel pour nos espoirs, nos désirs, nos attentes. Utopies pour des modèles de paradis terrestres.
Un petit rayon de soleil a fait sortir les perce-neige, une graine de feuille de chêne oubliée me donnera une salade précoce. Comme tous les jardiniers j'ai aussi une « boite de la honte » c'est ainsi qu'ils nomment la boite de fer blanc dans laquelle ils rangent leurs semences personnelles, celles qu'ils n'ont pas encore semées : graines de courge, concombres, capucines, pavots de Californie, nigelles de Damas, soucis, (pas trop), laitues et chicorées, graines données, échangées mais dont ils ont perdu le nom, courgettes vermicelles, physalis. Un jour dans un coin du jardin, ces graines inconnues rencontrerons leur chance, comme celles qui s'envolent des doigts agiles de la Petite Jardinière du Ciel.
Boite à malice comme tous les enfants rêvent d'en avoir une pour jouer des tours aux copains, à mémé quand elle arrose l'été et qu'on marche sur le tuyau. Malgré son age, elle regarde toujours son brise-jet et sursaute quand elle se fait arroser comme dans un vieux film des Frères Lumière. Grand-mère nous court après, on monte dans le cerisier pour cracher les noyaux sur la robe d'une petite sœur endimanchée, maman viendra la consoler et nous serons privés de goûter. Une barre de chocolat et une tranche pain, nous nous rattraperons avec les framboises du jardin.
Boite à souvenirs, boite à trésors. Un coquillage silencieux ramassé sur une plage de Quiberon un jour de tempête, un caillou blanc d'Ouessant, une plume de choucas, une coquille d’œuf bleu trouvé à la campagne, pépé nous a dit que c'était celui d'un corbeau, un nid vide, une feuille de carnet à spirale avec le premier mot d'amour, un petit flacon rempli de sable doré de Sète, aux Sables d'Olonne, nous étions trop grands pour ça, un mouchoir encore parfumé mais dont la couleur se fane, un crayon à papier gravé aux initiales d'un ami disparu, une couronne de mariée, une citrouille d'Halloween, un penny d’Élisabeth II ramené d'un séjour à Brighton en Angleterre aux cotés d'un dollar à l'effigie de John Kennedy, un dessous de bock à bière de Bavière, une edelweiss du Plateau d'Emparis, une médaille de baptême oubliée, parfois renié faute de choix, de foi, de temps, que sais-je ? la bougie d'un anniversaire particulièrement réussi, 3 mèches de cheveux blonds d'enfant, une capsule de Guinness, une dent de lait un jour où la petite souris n'était pas passée, on y croyait plus trop, la griffe du gros lapin blanc mort de vieillesse, il n'avait jamais lu Lewis Carroll ni connu Tim Burton, son Alice avait grandi trop vite, l’œuf de Pâques décoré par maman quand nous étions enfants, le sachet de dragées du mariage de Tatan Mélanie, le coquetier d'argent offert par une marraine dont on a perdu la trace, la petite noix accrochée au sapin de Noël une année de disette, un cocon de soie d'une visite de CP à la magnanerie ardéchoise, la mue d'une cigale trouvée dans la garrigue sur les traces de Pagnol, une étoile de mer séchée décolorée sans son rouge vif mais qui sent encore bien la mer, ma première étoile de ski gagnée à Albiez le Vieux, le moniteur avait aussi des vaches, le passant rouge de mon treillis, 5 e compagnie de commandos à Frileuse, le nez de clown de papa quand il avait encore le cœur à le faire, tout un lot de fèves de la Chandeleur, la 2 CV jaune Norev qui en a pourtant fait rêver plus d'une avec des Ferraris rouges aux cotés d'une suite de poupées russes bleues et miniatures qu'on ne prête pas aux enfants de passage de peur qu'ils ne s'étranglent, le petit bateau à voile de Saint-Malo aux boutres et amarres de ficelle qui ne remplacera jamais la vision des vieux gréements dans la rade de Brest, un Jar Jar Binks de plastique doré échappé d'une « Guerre des étoiles » terminée, il tente de monter dans une coccinelle WV aux portes verrouillées, la boule de neige sous verre de la Bonne Mère à Marseille qui ne voit que rarement la neige, les 2 petits mariés de la pièce montée démontée depuis bientôt quarante années, le tan-gram est en morceau, plus personne n'y joue, une bogue de châtaigne de l'an 2000 clin d’œil à un bug informatique improbable qui n'a pas eu lieu, une noisette attend la dent d'un écureuil de peluche poussiéreux, un cristal de malachite verte, une petite fiole d'Armagnac publicitaire, une montre à gousset arrêtée à une heure ignorée d'un passé révolu, une carte de boutons de nacre de ma mère couturière, une petite histoire de France de tante Marie où les Gaulois habitaient encore sur les pilotis d'un village lacustre, un petit vase bleu de Murano, le thermomètre buccal est cassé l’échelle de degrés Fahrenheit ne sert plus à rien, un verre à liqueur vide, le pied est ébréché, les lunettes d'écaille d'une tante visionnaire sont posées sur le modeste recueil de poésie dont elle est l'auteure inconnue et sans une gloire qu'elle aurait sans doute dédaignée.
Boite à œuf, pratique pour aller en ramasser au poulailler après la Chandeleur quand les poules recommencent à pondre on ne sait pas qu'en faire alors on fait des crêpes rondes comme le soleil.
Boite à beurre de verre regrettant la perte des moules à beurre de mon père fromager dont les vaches et les montagnes sculptées dans le bois décoraient les plaquettes d'une demi-livre, le papier sulfurisé portaient le même motif.
Boite à musique que l'on remonte à Noël devant la crèche aux odeurs de mousse fraîchement ramenée du bois.
Boite remplie de cartes postales aux écritures appliquées, aux calligraphies déliées de maîtresse d'école, aux tampons de postes exotiques. Collections de cartes de téléphone, marques-pages aux logos modernes, branchés, aguicheurs et prometteurs d'espoirs déçus de cabines fixes et immobiles d'avant les mobiles, jetons de taxiphone et d'auto-tamponneuses de vogue oubliés dans un blouson trop étriqué.
Boite à bijoux de pacotille, démodés et brisés sans valeur qui ne seront que jeux pour des petites filles coquettes perchées sur les souliers à talons des jours où nous sortions parfois danser.
Boite de billes , agates et billes d'argile, bigarreaux si précieux car si difficiles à tirer à trente pas .
Boite de peinture aux tubes de gouache entamés, pinceaux séchés, plumes Sergent Major, mines de crayons cassées, encriers secs, mais dont les grands cartons à dessin raisin sont encore pleins d'ébauches d'épaules, de hanches, de fleurs fermées, d'yeux mi-clos, de nombrils épanouis .
Boite à couture avec fils et aiguilles, épingles de nourrice montées en sculpture punk de métal brillant, boutons et pressions dépareillées, dés d'or gigognes ou d'inox, aluminium et boules de buis usées à ravauder, petits ciseaux aux anneaux ciselés d'un motif de cigogne,
Boite de petits papiers et de confettis d'un poinçonneur à la retraite, le lilas n'est pas encore fleuri, tickets de bus , de métro, de cinéma, d'expo, de musée, de piscine, de train.
Boite à pharmacie dans laquelle on cherche toujours le mercurochrome périmé, le sparadrap , la bande Velpeau roulée, l'aiguille fine pour enlever une écharde de rosier, les odeurs d’éther depuis longtemps évaporées.
Nos « Boites à rêves » sont multiples et personnelles, souvenirs ou trésors, graines à semer, à faire germer dès que le soleil revient, que l'air se réchauffe, que la main de la Petite Jardinière daigne les prendre à poignées généreuses pour les lancer sur la terre qui les accueille comme toujours avec joie et tendresse. Dans la parabole, la graine tombe parfois sur le chemin caillouteux, l'oiseau la picore, c'est une joie pour l'oiseau, dans les ronces elle germe mais elle n'est pas moissonnée, c'est pour le grenier du rat des champs, du loir, de la musaraigne.
Depuis quand l'homme n'est il pas autorisé au partage, alors qu'il a tout reçu de la nature ?
La Petite Jardinière du Ciel est généreuse de son geste, rond comme un arc en ciel de couleurs dont nul ne sait d'où il vient ni où il va. Quand on avance, il avance aussi. Aux côtés de la Petite Jardinière du Ciel tu peux faire le tour de la terre, t'envoler avec les oiseaux, nager dans les mers profondes et pourquoi pas explorer les abysses, les abîmes et les cimes, tes mots s'ils s'impriment sont rimes sublimes, rêves ultimes, pensées intimes.
Elle est là, blanche encore sur ta feuille à dessin, ses traits fins n'attendent que tes rêves, son visage sera sera celui de ton rêve.
Pour les Gardiennes de la « Boite à rêves » Solyzaan et Quichottine .