Noistalgie d'un 24 novembre.
24 novembre 2012, la radio passe des chansons de Barbara à l'occasion des 15
ans de son départ le 24 novembre 1997.
Depuis le Col de Parménie, nous avons assez de temps pour rejoindre Vinay par
Tullins afin de jeter un coup d’œil à la « Fête de la Noix ».
Nous nous arrêtons au « Grand Séchoir », vide à cette heure déjà
tardive. Il est judicieusement éclairé.
C'est ici que les flots de souvenirs m'assaillent.

Je revois ce séchoir à noix (photo du film) où Sabine Azéma et Daniel Auteuil
se reposent face au Vercors dans « Peindre ou faire l'amour »., ne retenant que la musique de Philippe Katherine, laissant ses facéties sur le comptoir.
Les noix sont ramassées, je revois Paulin le peintre (en bâtiment) ici à gauche
à côté de mon père, son copain.

Il les lançait sur les carreaux en visant bien au milieu pour les casser sans
faire tomber la vitre afin d'épater la galerie lors de repas bien arrosés.
Ce leitmotiv visuel rythme l'enquête de Charles Bronson dans « Le passager
de la pluie ».
Marlène Jobert s'y essaye enivrée par cet inspecteur quelque peu pervers et
casse la vitre.
« C'est parce que tu es amoureuse Love-Love ! »lui
dit-il.
La scène finale,
(lien vers youtube) celle des adieux et de la séparation le montre une noix à la main, dépité il la lance par dessus son épaule, c'est lui qui casse un carreau... Love-Love est
partie.
Je ne connaissais pas encore cette vertu évocatrice de la
noix.

Sous le grand chapiteau à Vinay, les « huiles » ont terminé leurs
discours. La foule se presse dans cette vitrine occasionnelle où les producteurs locaux vendent leurs produits.
Nous repartirons avec un litre d'huile de noix torréfiée et un morceau de Bleu
de Sassenage dont la Confrérie avec étendard est venue honorer l'ouverture de la fête.
La noix est ici conjuguée à tous les temps par les enfants des écoles en
tableaux et saynètes, peintres locaux, sculpteurs sur bois, même le Parc du Vercors y tient un stand.
Les noms de noix sont comme un inventaire que Georges Perec aurait pu faire
lors de son séjour à Villard de Lans pendant la guerre qu'il relate dans « W ou le souvenir d'enfance » .

Mayette, Franquette, Parisienne,Bijou, Fernor, Lara, Chandler, Fertignac,
Ferbel, Gourlande, Glady, Gibbeuse, Jauge, Cocarde des Cévennes, Corne, Grandjean, Marbot...
« Désormais, les souvenirs existent, fugaces ou tenaces, futiles ou pesants, mais rien ne les
rassemble.» écrit Perec au chapitre XIII de « W ».
« Il porte comme moi une cicatrice à la lèvre
supérieure. »
Nous rentrerons par le Col de la Croix Toutes Aures 628
m.
Ce soir, je revois le café du col, j'ai dans la bouche le goût de la grenadine
que mon père me payait, le sourire aux lèvres lorsque nous nous y arrêtions.
Il contemplait la vue sur les montagnes, certainement nostalgique aussi de sa
Suisse natale. Il n'en disait rien.
Nous allions chercher Jeanette à Têche proche de la Combe de Sarre-Loup et son
enfance malheureuse.
L'autoradio diffuse « Mon enfance »... Barbara me murmure à
l'oreille :
« que j'ai mal d’être revenue -
ou les noix fraîches de septembre
et l'odeur des mures écrasées,
c'est fou, tout, j'ai tout retrouve.
Hélas
Il ne faut jamais revenir
aux temps caches des souvenirs
du temps béni de son enfance. »
ou les noix fraîches de septembre
et l'odeur des mures écrasées,
c'est fou, tout, j'ai tout retrouve.
Hélas
Il ne faut jamais revenir
aux temps caches des souvenirs
du temps béni de son enfance. »