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Avant-hier soir il nous avait paru absolument génial de vouloir rester debout jusqu’à trois heures du matin et pour ce faire, de nous siffler une bouteille de whisky amer ---- avant d’en généreusement entamer une seconde. Hier après-midi le revers de la médaille est apparu : sous la forme d’une gueule de bois du type quasi morbide où je me suis retrouvé assis à la table de la cuisine à désespérément tenter de comprendre l’étiquette apposée sur une vieille boîte de popcorn vide.

J’en ai là appris plus sur l’ex-contenu de ma boite que j’en n’aurais jamais voulu savoir sur la culture du popcorn en son entier. Parce que moi, j’aime bien m’en faire éclater quelques grains de temps en temps, mais disons qu’une fois le mois suffit : j’ai sur le popcorn des idées assez simples --- l’étiquette, elle, n’en voulait rien savoir. Mais à grands renforts de détails me parla du monsieur qui l’avait fait pousser, me dit comment il s’y était pris. Me souffla encore milliers d’expériences  « laborieuses », me narra les quarante générations de fantastiques semis de graines qu’il lui a fallu planter pour en arriver à sa variété bien à lui de popcorn « gourmets ». Un « soin attentif » par-ci, une mesure « antipollinisation d’éléments étrangers » par-là, sans parler du terme « technicité », voire « scientificité », j’appris bientôt qu’en fait de « popcorn » j’avais eu affaire à du « maïs à éclatement ».Pour tous les autres popcorns l’expression convenable était « indiciblement ordinaires ». Au point que je fus surpris de ne pas découvrir l’adjectif « commun » appliqué à pareilles marchandises.

Toujours est-il que j’avais moi, la tête qui me faisait mal et n’avais donc nulle envie de me farcir toutes ces conneries sur ce popcorniculteur de « maïs à éclatement ».La boîte était vide. Faire éclater le maïs de ce monsieur ne m’aurait donné aucun plaisir. Ne m’aurait pas fait penser à autre chose. Même s’il m’en était resté quelques grains, cela aurait été impossible : quoi !moi, me démerder d’une pleine casserole de popcorn hurlant alors que ma cervelle croulait sous le poids du morbide ?

Je lus l’étiquette jusqu’au bout et me jurai de ne plus jamais m’acheter pareille camelote.

Non, parce que l’information au vingtième siècle, ça a sa place mais pas trop n’en faut : faudrait voir à savoir tirer un trait quelque part ; le mien, j’allais me le tirer au prochain achat de popcorn. Même qu’il ne s’agirait que d’un simple petit sac et que l’étiquette, non, non, le mot « laborieux » point ne serait imprimé, là !

Tokyo-Montana express Brautigan 1980

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