Mont-blanc, 26 juillet 2006 par le Goûter
Par la voie normale du Goûter
Carte IGN 3531 ET
De nombreux sites racontent la préparation et le matériel ainsi que le cheminement, alors je vais raconter « notre » Mont-Blanc avec Emma et Sébastien.
D’abord c’est Sébastien qui a lancé cette idée l’année passée je crois, alors comme un challenge, on a relevé le défi. Tout l’hiver on a fait des sorties et au printemps aussi, début juillet on s’est attaqué au Râteau en Oisans, mais on a perdu du temps dans les rochers sans faire le sommet. Puis la Roche Faurio 3730m par les Ecrins réussite et encouragements. La réservation au Goûter datait de fin avril, il suffisait de confirmer et voilà.
J1 :24 juillet la météo
s’annonce bonne malgré des orages le soir, c’est décidé on part prendre le tramway à Saint
Gervais,4
heures de panne (il paraît que ça arrive souvent) malgré notre arrivée vers midi, enfin vers 16h50 c’est réparé, un coup de téléphone au refugede Tête Rousse pour les prévenir qu’on arrivera plus
tard. 17h45 départ du Nid d’Aigle alt 2372m terminus du petit train à crémaillère pour le Mont-blanc on fait nos 800m de dénivelé en moins de 4 heures pour Tête Rousse 3167m par la baraque
des Rognes 2768m.
Refuge de Tête Rousse
Le soir repas vers 19h45 avec des crozets au menu un régal, merci à la gardienne.
J2 : 25 juillet , nouvelle lune, lever 7h bonne nuit de sommeil dans ce
refuge neuf sous des couettes, on veut passer le couloir tôt départ vers 8h on prend en diagonale à main droite le petit glacier de Tête Rousse et
quelques lacets sur l’épaule on atteint le fameux couloir, pas de neige pas de bruit de chutes de pierres , on le traverse allègrement sans problèmes, puis après quelques lacets sur l’arête qui
monte au Goûter on commence a trouver des rochers assez raides , il faut mettre les mains.
De gros bruits s’annoncent, en haut des gens
préviennent qu’il y a des pierres, on se planque rapidement sous de gros becquets, les pierres et des grosses volent au dessus de nos têtes ! Grosse frayeur, une cordée espagnole en amont a
été touchée, un de leur compagnon a reçu un rocher sur le ventre et la cuisse, ils appellent l’hélicot. On est un peu choqué, on nous avait parlé de cette montée, hé bien oui elle est délicate,
casque, corde, attention, écoute: tout ça est nécessaire. La fin de montée est sécurisée par des câbles avec un mousqueton et une vache on peut progresser comme en via
ferrata.
Arrivée au refuge du Goûter alt. : 3817 m vers 11h30, petit pique nique. L’après-midi on va se dégourdir les jambes et s’habituer à l’altitude en chaussant nos crampons pour aller à
4000m juste sous les séracs du Dôme, le sommet est couvert, le tonnerre commence à gronder, on rentre au refuge s’installer pour le soir. Un peu de repos avant le repas du soir à 18h ça s’annonce
mouvementé, au moins cent personnes en plus sont montées sans réservation, il y en a de partout dans les coins, on prépare nos sacs, crampons piolets cordes pour le lendemain. Bon repas coucher
tôt vers 20h malgré le bruit, la salle du refuge est complète, des montagnards dorment au sol ,sur les tables, dehors l’orage gronde, il neige, en plus, on ne sait pas les conditions pour le
lendemain.
J3 26 juillet 2006 Sainte Anne.
On est
réveillé vers 1h30 du matin déjà certains partent, petit déjeuner copieux à 2h30 du matin, finalement on a bien dormi. Départ 3h à la frontale, crampons, corde et piolets à la sortie du refuge,
il y a une petite couche de neige fraîche le ciel est un peu couvert mais la journée s’annonce belle. Devant, c’est un spectacle émouvant de voir les cordées parties devant nous : une
centaine de lucioles des lampes frontales illuminent le parcours. On est pas les premiers ni les derniers, on prend un bon rythme pour le souffle, parfois on double une cordée , la progression
jusqu’au Dôme du Goûter est facile attention aux crevasses, des ponts de neige sont tombés il faut faire un détour plus à gauche, la fréquentation fait qu’on a pas de problèmes de topo, on éteint
nos frontales en laissant le Dôme 4304m à main droite pour redescendre sur le Col du Goûter encore une petite pente raide avant le replat devant le refuge Vallot 4362m, on fait une pause pour
boire un thé chaud bien sucré et manger des barres de céréales, on est dans les temps 2h15 , il est 5h15 du matin .Attaque sérieuse des derniers 500m de dénivelé vers les Bosses,
Les Bosses
bien tracé, passage de quelques crevasses on passe sous la première Bosse 4513m et sur la grosse Bosse 4547m puis l’arête avec les Rochers de la Tournette 4677m.Avant d’atteindre le sommet
l’arête de neige est étroite et vertigineuse.
Sur l'arête sommitale
Les nuages qui couvraient le sommet tout à l’heure se dissipent et nous laisse admirer ce spectacle inoubliable. On atteint le sommet et ses 4810m à 7h30 du matin en 4heures et demi. On est très
heureux…… que d’émotion.
Petit réconfort : thé barres de céréales etc., de nombreuses photos, le soleil commence a pointer son nez, il fait moins 5° très doux pour l’altitude. Panorama unique, quelques nuages rendent le spectacle encore plus féerique. Emma et Sébastien sont aux anges. On l’a fait ce Mont-blanc on pense à tous ceux qu’on aime et qui nous ont accompagnés dans notre cœur.
Descente assez facile en 2heures 30
attention aux croisements sur les arêtes, il y en a qui montent encore et d’autres qui redescendent fatigués, somnolents, ahuris, obnubilés, nous : ça va on a pas trop souffert, on est en
forme. Au refuge du Goûter, on fait un gros casse croûte et on décide de redescendre rapidement. La neige du matin couvre encore l’arête rocheuse, et déjà des centaines de cordées montent. La
descente va s’avérer délicate. En effet, croisement de mousquetons, encore pierres, attente dans les couloirs, impatience de certains, bref : retour déjà à la civilisation à moins que ce soit
chez les sauvages !
Retour en arrivant sur l'arête du Goûter
Le fameux couloir à la
descente
Passage du couloir sans problèmes, le petit glacier de Tête Rousse fond, on croise des bouquetins vers la baraque des Rognes et une foule
composite de monthagards, de touristes au Nid d’Aigle. On a raté le train de 15h50, on s’inscrit pour celui de 16h30 : bondé. On dormira dans
notre lit ce soir la tête pleine d’images de rêve. D’un rêve enfin réalisé.
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