Acumoncleur amateur.
Des choses j'en ai trouvées à revendre.
J'en ai fait l'inventaire.
Georges Perec m'a précédé avec plus de brio dans son roman de 1965.
Depuis il y en a eu d'autres, toujours plus.
D'autres choses.
Entassées.
Les choses s'inventent et se multiplient, se brocantent.
Les choses s'acumoncellent chez l'acumoncleur que je suis.
Diogène devant son tonneau, j'ai besoin de soleil.
Objets inanimés avez vous donc une âme?
C'est pas moi qui l'ai dit, un autre moins prosaïque, plus rêveur.
Mes choses à moi sont tout autre : cassées, perdues, mortes, cherchées, empilées, pliées, sous clé, envolées.
Celle dont j'ai besoin est toujours la dernière trouvée.
Sous la poussière et les toiles d'araignée, viendra un jour votre heure.
Pas d'or, pas de cassette, des choses de tous les jours.
J'ai
Tu as
Il a
Nous acumonclons.
Ne pas faire de généralités.
Un décompte serait bienvenu.
Des contes et des histoires sans queue ni tête comme une poupée de porcelaine brisée.
Compter, étiqueter, numéroter, identifier, se perdre dans le dédale.
Labyrinthe, strates de vies superposées dans un grenier.
Avenues de mémoire, ruelles d'oublis, places du souvenir, impasses où coucher dehors.
Accus pour redémarrer un jour quand il ne restera plus rien d 'essentiel, que toutes les matières premières seront épuisées.
Les manufactures fermées à double-tour, portes closes, vitres cassées.
Alors renaîtrons de leurs cendres les choses oubliées, cumulées, accumulées.
Phœnix empaillés.
Nounours, canne à pêche, jeu de croquet neuf jamais utilisé, paraboliques antennes quand il n'y aura plus d'émission, livres lus et relus pour des veillées longues et noires sans le lustre d'antan sous des lustres de cristal éteints, bouteilles vides que la mer a rejeté , des messages perdus sur des rives lointaines, dérives vagabondes pour un Robinson revenu à la nage, il n'a rien pu ramener, sa malle aux trésors est sans doute encore entre les mains de Vendredi qui se demande comment faire marcher cette satanée voiture télécommandée dont les piles sont usées.
Taille 38.
J'ai beau sortir des cartons manteaux et pantalons rien ne me va plus, la machine à coudre est dans un coin sans doute la teinte du fil est-elle à changer ?
Ma coupe est démodée, je vais porter les cheveux longs, l'autre est pleine à boire jusqu'à la lie.
Cartons à chapeaux éventrés, coupures de journaux, notes, relevés de banques en faillites programmées.
Heureusement que le vent en emporte autant qu'il en reste.
Un cerf-volant fait la nique aux corbeaux.
Un cerveau lent se dérouille les méninges. Des ustensiles de cuisine se ménagent en attente d'un ménage d'adoption.
L'argent te rit au nez. Je pèse mes mots, il est léger, volatile, il a des ailes.
J'emménage, j'erre.
Je cuisine les livres page par page en quête du temps perdu.
Je n'ai pas de recette pour l'apprivoiser. Jamais il ne se livre.
Incertain, je scrute le couchant pour voir d'où vient le vent.
Acumoncler des choses, des objets, des idées, des projets, des mots, des pages.
J'ai besoin d'une pause, objectif pour une pose, un instantané à prendre ou à laisser, un temps mort, un arrêt sur image.
Bien sage.
La chose est qu'il ne se laissera pas acumoncler.
Il passe.
Il court.
Insaisissable
Inacumoncable.
Temps perdu, présent, ton vol est toujours à suspendre comme un imperméable mouillé sur une patère.
D'une paterne austère, prière perdue.
Il s'égoutte jusqu'à la prochaine averse.
PF
Un mot de Jeanmi pour l'Arbre à mots du Balisier de couleurs.