Racines. Parler local.
Hier nous avions à manger une personne âgée qui a passé son enfance dans la Combe de Sarre-Loup à Têche. Après le vin de noix "maison" en apéritif Jeannette a poussé la chansonnette de « La Maria so in poumier ».
Le groupe folklorique « Les Sarreloups » reprend ce thème dans un pot-pourri où l’on reconnaît aussi des bribes de la Complainte de Mandrin.
Au menu une salade composée avec du maïs doux m’a fait rappelé qu’à la Maison de Retraite les anciens il y a vingt ans n’aimaient pas beaucoup le maïs.
Je me suis souvent entendu dire :
« Lo Turkey é por le bétia. » : le maïs, c’est pour les animaux.
Délaissant pour un temps le bigà et le dayon, car les racines jaunes, les carottes rouges et les trifs sont plantées.
Comme fait par hasard en ce moment un intérêt pour les « parlers » locaux semble correspondre à un besoin de racines. Outre les vieux dictons de sagesse paysanne
« Ol a ina vipèr dans sa poche ! » : il est avare.
« Ploy de la bise, moille la camise. » pluie de vent du nord, mouille la chemise
Et tant d’autres.
D’autres régions, d’autres parlers, les blogs sont l’occasion de voyager. Maëldune dans son blog « Dentelles de sapins et cotons » propose un jeu chaque semaine pour découvrir le « parler Jurassien » . Pour un néophyte la Suisse francophone semble avoir le même accent, Hé bien non ! Des linguistes en ont montré toutes les nuances comme Pierre Henry.
Que ne fut pas ma surprise quand il y a peu de temps, j’ai reçu de ma cousine de Lausanne cette coupure de presse du journal 24 heures sur le « parler Romand ».
Le français est riche de ses particularismes, le Québécois n’est pas seul à dépoussiérer l’académisme scolaire.
Mon livre de référence pour notre « parler » en Isère est « Patois et vie en Dauphiné » d’Armand Mante. Press’Vercors.
Ma mère Dauphinoise émaillait son langage d’expressions de Champier : le devantié, une beigne, un tioulin, tétaru, déguenillé, bachu. Les gones, malotrus, traboules, jésus, bouchon du lyonnais émaillaient les conversations autour de la table. Et mon père avait gardé ses rushtis, panosses, huitante, ch’ni et autre romandismes savoureux. Mon épouse du nord Drôme écoutait les anciens pendant les veillées après qu’ils aient tués le « kayon ». Après le dur travail un bon repas était bienvenu les anciens n’avaient pas les « côtes en long ! »Ainsi, sans bien s’en rendre compte un « parler familial » s’enrichit des apports culturels, le discours du quotidien fleurit de pittoresques régionalismes.
Je peux, sans passer pour un gougnafié reprendre un petit couplet aussi :
Pyar
"Pyar Pyar vé gotà
Y a d’raviole
Y a d’raviole
Pyar Pyar vé gota
Y d raviole
Dé le plakà"
Bonà Neu !