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Publié par FMarmotte5

Cerebrax'art.

 

« Le big-bang-boo s'enroulait autour de mes chevilles, il rampait sur le sol en glyphes et graphes biogénésiques, un fond sonore au rythme des battements de mon cœur énonçait des chiffres d'une voix synthétique. »

 

« 0-21-12-7-8-9----5-4-1-0-1-0----57-64-125-0-9-6----0-1-0-1-87-3589----57-57-89-368---- »

 

De temps en temps ma conscience revenait en surface, mais je restais dans le rêve, sans rupture dans son continuum, je replongeais dans ce que j'avais l'habitude d'appeler mes « Cauchemars mathématiques ».

 

« Des lignes se déformaient parallèles comme des rails de chemin de fer qui se rejoignent à l'infini, aiguillages multiples lancé à des vitesses vertigineuses sur ces sentiers de logique binaire, de macroscopiques, les segments s'amenuisaient en torsades d'ADN, se vrillaient en tiges végétales, des séquences d'ARN s'envolaient telles des akènes, des graines de pissenlits à tous vents et prenaient au hasard des formes de voiles de parapente, des capsules spatiales d'une autre génération, sous-marins abyssaux, navettes, wagons lourds de fret, bulles informes et fragiles aux reflets d'arc-en-ciel, gouttes de propergol chutant d'un hauteur céleste avec une lenteur infinie sur des étincelles de bougies cosmiques. »

 

J'ouvrais les yeux, des insectes me regardaient, facettes multicolores des globes externes de leurs appendices de vision nocturne.

Exosquelettes laissés dans un coin de la chambre, mues de reptiles anciens, la poussière tombait du plafond et recouvrait lentement mon corps. Poussière d'étoiles, pluie fine de météores, une lourde oppression m'empêchait de respirer à ma guise, le clignotement trop rapide des témoins de charge de mon endoprocesseur cervical lançaient une alerte déjà connue.

Il fallait que je m'extrais sans attendre des méandres de l'espace-temps.

 

En écarquillant fortement les yeux, j'ai pu enfin rappeler mon esprit dans le réel, un tremblement de tout le corps sans doute identique à celui de l'épileptique en crise me fit craindre le pire.

Puis une paix silencieuse et profonde m'envahit.

Le jour pointait, avais-je vraiment dormi ?

Je suis descendu dans la grande pièce du bas, la maison malgré un brin de laisser-aller semblait tout de même entretenue.

La rémanence des visions de la nuit filtrait encore mes impressions, sensations fugaces de comptes et séries, contes et décomptes à rebours.

 

Sur la table, le sac de noix était posé comme je l'avais laissé la veille.

 

«-Prends-les !

Un Mess'art est caché dans l'une d'elles. »

 

Je me suis assis sur le banc, la table de bois devant la fenêtre brillait du lustre des années de repas en solitaire de Pedrito, les coudes appuyés pour la lecture, le travail au couteau sur une petite pièce de bois, un mouvement d'horlogerie, un ressort de boite à musique.

Sans même prendre le temps de me faire un café j'ai commencé à monder les noix. Grignotant avec plaisir chaque cerneaux, découvrant comme si c'était la première fois la joie du craquement de la coquille d'un coup sec du plat de la main sous mon pouce, ou avec deux noix dans la paume comme le vieux m'avait appris à le faire sans instrument.

 

Rien de tel qu'un travail répétitif sans trop de contrainte intellectuelle pour organiser la pensée et résoudre les problèmes, y voir clair dans l'agencement de ses croyances, toucher du doigt le présent dans ce qu'il a hors du temps. Un peu comme la marche, le désherbage, les antiques voyages à cheval, en charrette ou en train, même le vélo avec le paysage d'un sage pays qui défile à une vitesse raisonnable.

Le lointain et le proche sont tour à tour rassemblés unifiant le corps et l'esprit.

 

« Crac ! »

Puis le parfum suave de la noix, le geste machinal de mise en bouche, les dents qui écrasent cet hémisphère si ressemblant au cerveau humain, l'huile extraite entre les molaires vient envelopper la langue et les papilles pour calmer la faim.

 

Je suis sorti boire dans mes mains en coupe l'eau fraîche de la fontaine, malgré les ravages du temps, le bief et la roue du moulin étaient toujours en état de marche.

Le cliquetis des engrenages comme une horloge parvenait encore à la petite maison.

Machinalement je posais les cerneaux sur la table, dessinant des formes et des lettres.

Quel message ?

 

Accroché à la poignée de la fenêtre le Ruban de Möbius était encore là. Sa couleur passée à cause des passages bi-quotidiens d'Alpha235 et d'Espilon-H67. Une seule surface pour cette forme aux allures d'ȣ et de ∞.

« Ouvert, fermé, 8 ou infini, le serpent se mord la queue, roue du destin, cycle des vies et des morts.»

Voilà le cours de mes pensées, plus paisible que les images nocturnes, de quoi définir le bonheur en terme d'instant et d'état loin du grand concept passé avec un grand B.

Et si le message de Zart' était là ?

 

Comme en latent en attente dans le code et l'agencement des protéines du vivant, code-barre dont le sens est caché à nos yeux et notre intelligence mais qu'une simple machine peut transformer en image, en prix, un « flash code » omniprésent sous nos yeux , nos mains, qui vient à nos oreilles en permanence comme la musique de l'harmonie des sphères de Pythagore, de Kepler, somnambules qui nous sembles un peu désuets de nos jours ?

Un fluide dont la source lointaine est intarissable entre intention et intelligence qui nous arrive par bribes selon notre ouverture d'esprit. Révélation personnelle , émerveillement passager, larmes cristallines devant un lever de soleil, émotion fugace qui revient dans les moments difficiles et tel un « Déjà-vu » semble te dire :

 

« Continue, tu es sur le bon chemin. »

 

Coordination et collaboration vers un but commun des humanités, oui au pluriel, car depuis l'arrivée des intelligences artificielles, des clones de stockage, des transferts de pensée, les « Mind-swaps » de S.F. des années 50 ont largement dépassés les pronostics d'un Phillip K.Dick, les visions de Lovecraft, les espoirs de vies artificielles de Mary Shelley aux lendemain de la découverte de la Fée électricité, l'ignorance bat de l'aile, Bouddha doit s'en réjouir.

 

L'HBP était arrivé à son terme, la Noosphère, big-data, la mise en réseau de toutes les connaissances et intelligences était sur le point d'ouvrir des horizons jusque là même pas entrevus par les plus clairvoyants des informaticiens du XXe siècle, des Kabbalistes de l'an 1000, des mages antiques se brûlant les yeux au sommet des ziggourats persanes en fixant Mazda dans les yeux. Comme ces écrits de sages thibétains cachés dans des grottes, sensés prendre leur sens et devenir compréhensible lors de leur redécouverte, comme un palimpseste caché sous un écrit futile, une comptabilité, un récit à l'eau de rose mais qu'un rayon moderne met en évidence sur un écran sensible, une relecture numérologique de la Genèse, du Pentateuque, un décryptage informatique de la poésie prophétique de Maître Notre-Dame, le sourire sous-entendu d'Avicenne, Averoes sur une toile de la renaissance. Les spiritualistes de Swedenborg, Allan Kardec à Gurdieff, secte fin du mondiste et apocalyptiques noyaient le monde sous des mots stériles,en noircissant des pages d'un verbiage vide de connaissances, peu importe qu'il y ait une vie après la mort, des anges, démons et merveilles, djinns et grands thaumaturges, les romanciers de best-sellers des années 2000 n'avaient rien inventés, ni les codex, ni la cryptologie, ni les hermétismes ésotériques.

Le message était simple.

 

« Vit dans le présent. »

« Ce que tu fais, fais le bien en conscience du mieux que tu peux. »

 

Une douce joie pénétrait ma personne, j'ai mondé les noix jusqu'au soir, finissant le grand sac de toile de jute. Demain j'irais à Zartok les porter au alter-zartistes sans doute toujours attelés à leur projets de culture hydro-ponique en façade de néopron perforé.

Je leur raconterai mon rêve et cette histoire de « Big-bang-boo » rampant les ferait sûrement rire aux éclats.

Ils me répondront ironiques :

 

« Bones & brains ! »

 

Me signifiant que mes os et ma pensée n'étaient qu'un, passé et futur, l’œuf et la poule, le gène et la vie......et bla bla, ne refaisaient ils pas chaque soir le monde autour d'une bière de tomanzanilla, un feu virtuel de rayons Σ, sur le tempo lancinant des voix de gorges et des tam-tams du désert.

Je passerai encore un nuit avec eux, flashs de brainstorming, récits oniriques, compte-rendus de voyages inter-galactiques, introspections productives, pilpoul, dialectique verbale et joutes mentales avant de s'endormir jusqu'au tantôt.

 

Pour ma part, j'hésitais entre rester seul sur le domaine de Pedrito à vivre en autarcie d'une tranquille auto-subsistance productive à minima, décroissance après la sur-exploitation mortelle d' Esmezarta ou trouver une mission vers d'autres espaces, les replis des univers proposés par la « Théorie des Cordes » me fascinaient comme m'avaient fascinés par le passé les nombreux sentiers et chemins de travers qui menaient au même sommet d'une montagne.

Au bureau du spatioport un immense tableau d'affichage numérique proposait pêle-mêle :

Vaisseaux à vendre.

Places de copilote

Embarquements collectifs.

Mécaniciens quantiques avec expérience.

Compagnons de co-navettage et ralliement exo-atmosphérique.

Jardinier expert en aquaculture.

Équipiers de passage.

Presse du cœur.

Échange expresse de pensée.

Prêt d'empreinte digitale pour je ne sais quelle transaction frauduleuse ou marginale.

Musicien sur monogamie unicorde.

Comédien sans lunette ni barbiche.

Veuve joueuse en quête de pleurs.

Etc.....

 

il suffisait de saisir son projet dans la rubrique des requêtes pour qu'une liste non moins grande s'affiche en retroprojection sur votre écran mental provisoire pour mettre en lien, sinon en réseau ce choix immense qui était devant moi.

Où partir ?

 

Carnets de voyage sur Z'art' page 14

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J
Merci pour cet agréable moment à te lire et en dessin :-))
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É
Bonsoir Pierre. J'ai bien aimé le début : occuper ses mains en broyant des noix, pour libérer sa pensée, mais ensuite, je me suis perdue... Bonne soirée
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M
J'avoue que ce monde là me laisse perplexe, quel imaginaire Pierre ! Je suis un peu déroutée, j'ai du mal quand je quitte me terrains de jeu !<br /> Bises du jour
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F
Je comprends mieux Pierre.Chacun a son rêve,les arts,la lecture,les amours interdits,la nature.......et bien d'autres choses.A bientôt Pierre.
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Q
Te voilà de retour dans ce monde que j'ai beaucoup aimé découvrir ?<br /> J'en suis heureuse Pierre, mais il faudra peut-être que tu mettes un résumé pour ceux qui ne t'ont pas lu depuis longtemps... :)<br /> Vivre au présent, c'est le mieux, mais il arrive qu'un retour en arrière procure un grand plaisir.<br /> et que dire de ces passages en avant dans un monde qui n'existe encore que dans notre imaginaire ?<br /> J'aime. :)<br /> Passe une douce journée. Amitiés.
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F
Tu as raison Quichottine, je vais essayer de faire un court résumé, mais je ne pensais pas que les cours de dessin allaient m'entraîner si loin. Le temps froid <br /> -8°C est une invitation au voyage fut il dans l'espace et le temps du moins dans l'imaginaire. Bonne journée, cordiales pensées amicales.
F
En fait,je n'ai pas bien compris je l'avoue humblement.Je suis partie dans un autre domaine que celui de PIERRE.Et je ne retiens qu'une chose:vit dans le présent à fond les manettes!!!!!!!!!
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F
Bonjour Mauricette, je suis d'accord un peu brouillon, ça commence là :<br /> http://le-blog-de-pierre-fassbind.over-blog.com/article-carnets-de-voyage-dans-le-monde-de-zart-72707981.html<br /> En fait quand on écrit des "suites" dans un blog le début est loin avant parfois. Cette histoire a commencé avec des cours de dessin sur le thème "Carnets de voyage" je me suis pris au jeu de mon histoire avec un voyage sur une autre planète et ainsi le personnage qui dit "Je" suis son destin par delà l'espace et le temps! ça m'amuse d'écrire quand la météo n'est ni propice à la rando ni au jardinage, ici moins 8°C la nuit ! merci pour ta visite. Bonne lecture, une suite arrive bientôt.